La Bruyère est un génie littéraire du XVII° siècle, auquel il faudrait plus souvent se référer, car ses « caractères » sont encore bien vrais aujourd'hui ! Il a, en un seul volume, fait la somme de ses contemporains d'une plume alerte, précise et piquante. Balzac, plus tard fera de même mais en plus de vingt volumes ! Il a su développer la concision du trait d'un œil tout photographique, c’est un caricaturiste de génie ! Voici quelques "caractères" d’aujourd’hui en hommage à La Bruyère.
TELGEB
Telgeb a un don d'ubiquité qui est exceptionnel, il est partout et parfois donne l'impression de l'être en même temps! A tel point, qu'on le croirait sorti du pinceau de Tex Avery! Il s'est inscrit dans tout ce qui pouvait servir ses desseins et l'assise de sa personnalité, qu'il considère comme incontournable. Il n'a rien à apporter aux causes qu'il prétend défendre, ce qui ne l'empêche pas de confisquer la parole là où il se trouve. Comme il est envieux et jaloux il a développé une tactique qui n'a en soit rien d'original et qui lui permet de critiquer tout le monde à demi-voix et successivement, faisant croire à chacun qu'il est le seul confident de son opinion. Il aime salir son prochain. Le problème c'est qu'il n'a pas assez d'esprit et de machiavélisme pour ne pas se faire prendre à son propre piège, et sa vanité et sa suffisance finissent par l'accuser aux yeux de tous. Son meilleur sujet étant lui-même, il lasse aussi beaucoup de ses victimes. De plus, il ne se renouvelle guère. Son orgueil et son totalitarisme de salon ont éloigné pas mal de ses premiers amis. Physiquement, de face et de loin il donne l'impression de n'être pas ce qu'il est, mais de près et de profil il ressemble bien à ses propres travers, laissant deviner sur ses traits un besoin de prendre et de mordre. A force de manipuler, il est manipulé lui-même, et ceux qu'il a critiqué ont fait de même avec lui, cependant il reste avec ceux là, et réciproquement, le meilleur copain du monde car vous l'aurez compris l'hypocrisie dirige et termine son portrait.
LA BANDE
Ils sont huit ou dix et se retrouvent partout à errer et perdre leur temps, semblables à un banc de poissons toujours collés serrés! Il est vrai que leur QI est un peu celui des sardines... Ils n'ont ni but, ni envies, mais sans doute cherchent-ils, l'œil un peu hagard, un but ou une envie. En attente d'eux-mêmes, ils restent impatients, nerveux, et prêts à marteler cette impatience sur tout ce qui passe, vous y compris. Ils tournent en rond. Tout ce qui ressemble à la culture est déclaré nul ! Le mot politique les fait rire, et le mot social est sans doute le premier mot entendu dans leur petite enfance. Inutile de vous dire ce qu'ils en pensent aussi. Il ne fait pas bon être trop libre face à eux, sans doute sentent-ils les chaînes de leur dépendance et de leur impossibilité à créer quelque chose. Ils sont facilement homophobes, car la sexualité est un de leur rare refuge, en quelque sorte identitaire, et une valeur, oui une valeur, virile au service de l’image de l’homme procréateur et père de famille qu’ils partagent dans le plaisir de la destruction au quotidien… Mais séparément ils ont parfois pensé au sexe entre hommes... ou même sauté le pas. Cependant, le silence et le non dit font partie de leur monde... Pensez aux poissons... Ainsi, ce « banc » décrivant dans son quartier ou dans le centre ville le même cercle que le manège de leurs pensées, certains observateurs les ont appelés la "bande de Moebius".
CANIS
Les portraitistes de Montmartre seraient heureux de le rencontrer, c'est déjà une caricature dans la vie de tous les jours. La cage aux folles avait Jacob, et ceux qui l'ont connu l'on vu évoluer dans cette version inépuisable de l'adolescent attardé, qui ne pense qu'à folâtrer, rire, dire des bons mots, et s'épancher sur sa petite vie. Il est constamment dans la dérision, mais ne voit pas à quoi il finit par ressembler en vieillissant. N'ayant rempli son existence que de l'air de son agitation, il ne connaît pas d'autres objectifs que son plaisir immédiat. Son regard porte la marque d'un dédain mou à la limite de l'interrogation, car il change aussi vite de pensées que d'attitudes. Il est pareil à ces femmes fatales d'un certain âge toujours exaspérées et prêtes à croire sur un mot qu'on s'intéresse à elles. Il n'a jamais était net dans aucune situation, louvoyant au gré de ses intérêts. Il a d'ailleurs vite appris à faire son nid chez les autres et en bon coucou à détourner les individus qu'il convoitait. La captation a néanmoins ses limites car il n'offre ni grand chose de lui ni grand chose de profond. De là son air toujours insatisfait et une expression tombante des lèvres sur une tête qui s'enfonce dans ses épaules. Il a vécu dans le pathétique croyant sans doute appartenir à quelque chose de supérieur. S'il a su se distinguer physiquement des autres à une certaine période de sa vie, il finit aujourd'hui par se fondre, passer inaperçu et disparaître.
BOC
Boc a un seul défaut mais il est d'une telle étendue qu'il finit par recouvrir tous les aspects de son individu pareil à un voile masquant une statue équestre ! Il est monté sur un cheval d'orgueil, et quel orgueil quasi belliqueux! Il « EST » et tout ce concentre autour de lui comme jadis tout se concentrait dans le « JE SUIS » divin. A peine voit-il les personnes qui se présentent à lui ! Il ne donne son bonjour qu'à ceux qu'il estime c'est à dire aux personnages occupant de hautes fonctions dans la société ou ayant bien réussi comme lui. Il ne vit que pour la « gay life jet society »… Le physique de certains pauvres le retient néanmoins dans ses excès de jugement négatif, et le reste n'est que sable disparaissant dans le mouvement quotidien car Boc méprise ces êtres inexistants socialement ou essaye de ne pas les voir. Il est même allé sans passion à Salzbourg, Bayreuth, au MET, car il fallait s'y montrer, et survolant la musique il s'est forgé une opinion très personnelle sur le sujet. Son revers de main a tellement éloigné de monde que ce peuple snobé pourrait peupler un ghetto entier. Il n'a de bienveillance que pour lui et pense qu'il est essentiel et irremplaçable. Il aime aussi tout critiquer et rien n'est assez bien à ses yeux... Si on le mesurait avec le même mètre étalon il n'est pas sûr qu'on puisse encore le distinguer du monde des vivants. Quel dommage que les quelques qualités qu'il possède par ailleurs soient tenues en otage de la sorte. Il a travaillé à réaliser une caricature de lui qui dépasse tous les méchants traits qu'on eût pu imaginer.
ALCIDE
Alcide aurait préféré vivre à une autre époque, ce qui fait le monde moderne l'inquiète, l'ennui et lui fait peur tout à la fois car elle ne le comprend pas. Elle a un visage qui ressemble aux portraits miniatures du XVII° siècle, idéal, frais, couvert d'une fine poudre d'innocence où se devine un regard noble et mélancolique. Elle a eu une vie stricte, n'a pas été protégée dans le cadre d'une relation stable et durable, et a fini par devenir une femme sans âge avec trop de principes et certains blocages. Elle a connu une fois une compagne qui est restée une amie mais elle n'en parle quasiment jamais ou à mots couverts. Elle rêve des années trente ou cinquante quand les hommes étaient virils et les femmes féminines et qu'ils rayonnaient d'une élégance imaginaire qui correspondait pense-t-elle à la sienne. De plus, les rôles lui semblaient bien clairement distribués à cette époque là et elle en garde une nostalgie indélébile. Elle n'a jamais fait de mal à personne et a toujours été d'une probité sans faille, mais elle a ses idées et parfois des idées extrêmes. Il est plus facile de convaincre une mule que de faire évoluer ses valeurs ou références. Au fil des ans, elle garde quelque chose de l'éclat d'une statue à jamais arrêtée dans une position désuète et gracieuse.
PISTOL STAR
Pistol Star est comme un de ces grands soleils inatteignables qui ne brûlent que pour eux. Sa vie a été écrite sur une partition sans fantaisie entre boulot et sport, rien en dehors. Il court des heures dans un short qui n’a été acheté que pour servir le sport. C’est un homme très discret à son travail et il ne s’accorde nul amusement en dehors lorsqu’il est en repos. Sa vie est presque monacale, version jus de carottes et repas sans matière grasse, et il a la chasteté de ceux qui n’ont jamais été tentés par leurs démons. Il apprécie surtout la compagnie des œuvres d’art et commence à en posséder une belle collection. Il aime aussi marcher longuement en admirant la mer et les jeux de lumières selon les heures du jour entre vagues, ciel, et nuages. Certes il a connu une « relation » mais elle s’est vite inscrite au passé. Depuis il est seul, seul à disposer son mobilier et ses objets d’art en fonction de l’humeur du jour, seul à décider de rafraîchir une nouvelle fois les peintures de son appartement, seul à regarder la télé ou à dîner sur sa terrasse. Quand il est chez lui il aime admirer son appartement avec ses grands murs modernes, lisses, clairs, sans presque rien. En cela sa vie ressemble à ses murs.
CRISCOTTE
Criscotte est un personnage hors norme. On pourrait le croire large d’esprit, en fait sa «largesse » est autosuffisante. Il sait se pardonner de tout, ne se pose aucune question, prend ce qui lui plait de prendre même si cela peut gêner ses amis. Il a dans la voix et le comportement une mansuétude et une obséquiosité qui n’a plus court aujourd’hui mais dans le fond il est dur et égoïste. Son plaisir passe avant tout. Il a du faire plusieurs fois fais le tour des choses mais il n’a jamais trouvé quelqu'un comme compagnon. Il a fait des rencontres comme d’autres ont imaginé des bornes sur les sites remarquables: son chemin de cœur est un tableau avec des images collées à jamais arrêtées.
UN ALCOLO, UNE FOLLE, UN BRANLEUR
Un alcolo, une folle, un branleur
Ont su mélanger leur petit bonheur
Et leur projet de vie d’artiste,
-La solidarité des nuls existe !
On rit, on méprise, on refait, on boit !
Pauvre société qui reste aux abois ;
Mais dans leur filet la confiance
S’arrête au fond des bouteilles qui dansent…
Ils sont assez fous pour croire un mytho,
Pour tordre le cou des amis, bientôt
Tout ne sera que clichés fades
Mêlés de trahisons et mascarades !
Un alcolo, une folle, un branleur
Ont mélangé leur délire en sueur,
Un instantané d’idiotie :
C’est l’identité qui les associe !!!
Brillants caractères ! Et bien entendu, toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé, etc...
RépondreSupprimerBien sûr et certains caractères sont si "permanents" que le sujet est inépuisable, cela peut toutefois "épuiser" les naïfs qui les rencontrent !
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