Autres temps mêmes moeurs !


(0) commentaires

Coiffure extravagante de Marie-Antoinette

Nous sommes à l’époque des « rumeurs » comme il y a eu une époque de la «satire» et des «pamphlets», sans parler du temps des «brûlots» et des «libelles» qui de la Révolution à la Commune ont donné une version sans détour, populaire et violente au poétique «temps des cerises».

La rumeur en soi est d’ailleurs une forme de cerise sur le gâteau ! Gâteau empoisonné bien sûr…


Si jamais vous avez un doute, une absence, une perte de mémoire subite, une amnésie due à un choc, demandez autour de vous comment on appelle tous les bruits colportés sur les uns et les autres et surtout sur les gens du pouvoir. Si on vous répond : «libelle» ou «pamphlet», vous serez sûr d’être dans une époque prérévolutionnaire, plutôt : «diatribe» ou «satire», vous comprendrez qu’il conviendra de porter une toge romaine ; pour la réponse : «rumeur» c’est déjà plus difficile à cerner, peut-être appartenez-vous au moyen-âge ou à la France du début du XXI°s avec ses golden boys frelatés, ses people imbuvables, et sa nouvelle aristocratie tout en faussetés et prétention !

La grande question aujourd’hui c’est de savoir d’où part la «rumeur», cette chose informe aux multiples facettes qui avance comme une marée, j’allais presque écrire comme une mariée (mais de noir vêtue) !

C’est toutefois rarement un potin innocent et tout le monde sait où il atterrit : dans les millions de feuilles de chou avides de détenir un ragot sur une personne célèbre, parfois haïe, telle une mouche dans l’entonnoir d‘une plante carnivore !

Lucifer
Nos pavillons d’oreilles sont ainsi le réceptacle insatiable, offusqué, intéressé, étonné, gouailleur, ironique, révolté, rarement sacré, de ces discours sans signature qui courent les rues, le net, les bars et les bureaux, un peu, si vous me permettez cette image poétique, totalement déplacée dans ce contexte, comme la rosée des lèvres de la nuit sur des fleurs s’ouvrant au soleil!

Bien entendu à force de se perdre en conjectures, on se perd tout court et on ne sait jamais d’où viennent les indiscrétions et commérages, qu’ils soient médisants ou non. Mais la rumeur reste, comme un chancre sur un arbre ou une tâche sur une photocopie, elle laisse des traces souvent indélébiles.


Elle est également il ne faut pas le nier très jouissive! La rumeur, pour le bon peuple qui s’en régale et prend plaisir à s’indigner, devient ainsi une tarte à la crème téléguidée, lancée de très loin et qui éclabousse avec force mêlant honte, scandales, dénonciations ! On n’examine plus alors la personne visée de la même manière, et ni le pouvoir, ni l’argent ne feront infléchir ces regards de condamnation.
Caricature de Napoléon

Toutefois, on se pose rarement la question de la naissance de la rumeur : en effet pourquoi colporter, et, comme dans la caricature, pourquoi grossir et déformer, voire inventer des faits s’il le faut ? Tout ici est question de haine…

Sur l’échelle du mépris, la rumeur est une chenille tenace qui ouvre ses ailes noires selon deux conditions qui s’additionnent souvent : le degré du dégoût initial qui l’a créé et la rencontre d’une forme de réprobation sourde et muette autour de la personne visée ! L’amorce est alors redoutable et féroce !

La rumeur ressemble à la roue du paon, on aurait pu prendre la «bestiole» pour une pintade idiote, juste bonne à se laisser plumer et accommoder de lard et de patates mais en un déclic mille regards se lèvent d’un coup sur vous, et le volatile imbécile devient fascinant ! Idem pour la rumeur, qui part d’on ne sait quel personnage obscur des badauds de la basse-cour pour déclencher, à tort ou à raison, des prises de conscience qui ont tant de fois modifié le cour de l’Histoire…

Bon ce n’est pas tout, il faut que je prépare une «rumeur» sur moi-même : «Quelle belle plume ce Jean-Louis», «Oui un futur Goncourt», «Un prix de l’Académie Française!», «Une grande personnalité, in-con-tour-na-ble»… Merci à vous tous, chers lecteurs et lectrices, de le faire savoir….
 










0 commentaires:

Enregistrer un commentaire