Démocratie ? Vous avez dit Démocratie ?


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L’image d’Epinal que nous avons à l’esprit depuis que nous sommes enfants lorsqu’il s’agit de l’Occident, c’est de considérer nos pays, ceux de l’espace européen ou d’Amérique du Nord, comme des parangons de démocratie ! Tout semblerait permis chez nous face à une Amérique du Sud troublée de dictatures, une Afrique noyautée par des roitelets mi comiques mi sanguinaires manœuvrant par népotisme, un Orient ensablé dans des oligarchies communistes ou des sociétés de castes misérables ou robotisées…

Mais à y regarder de près nos sociétés démocratiques sont souvent des trompe l’œil baroques ! Sommes-nous donc si libres que cela ? Lorsqu’une partie infime de la population qui détient la finance, c'est-à-dire le pouvoir, oblige une majorité à passer par ses lois et ses contrôles, où est la démocratie ? L’actuel scandale américain, relatif aux manœuvres des banques qui auraient sciemment triché sur les dates et le montant des versements des emprunts des particuliers désireux d’accéder à la propriété, afin de leur ravir leur bien immobilier, en dit long sur l’état vermoulu de nos démocraties et sur les fêlures de ce que l’on pourrait appeler le « contrat démocratique ».

Ce dernier se change aujourd’hui en loi du plus fort et du plus rusé. Aucune limite donc pour les plus forts, à l’évidence aucune protection pour les plus vulnérables… Et les loups pullulent dans ce contexte : bouffer et berner l’autre deviennent les deux pensées principales des sociétés, des entreprises et de leurs hommes ! Les dégâts au niveau de l’éducation, de la culture ou de toute forme saine de réflexion sont vertigineux!
  
Les temps modernes, Charlot

Dans ce contexte, les services publics, qui font de plus en plus sourire certains juristes car disent-ils ils n’ont jamais existé ou ont représenté des états d’esprit révolus, sont désossés, jetés ici et là dans le domaine des sociétés privées qui ne visent que leur propre enrichissement ou leur dominance, et forment a minima leurs employés ! Le savoir faire, l’intelligence, la compréhension du travail à faire sont éjectés pour des questions de rentabilité et d’image ou communication. Ce qui prenait peu de temps à réaliser il y a encore quelques années, notamment dans le domaine des télécommunications, est aujourd’hui lié au bon vouloir des uns sans respect de délais ou de résultats pour les usagers. Et cela touche également la santé, la sécurité, la justice, l'école, l'université où la notion même de service public devient une peau de chagrin en voie de décomposition.


Or le service public au même titre que les lois et les constitutions est la première barrière de protection pour la population et notamment les personnes les plus fragiles et démunies, une sorte de rempart de la démocratie. Lois bancales, réglementations autistes, Constitution qui en appelle aux droits de l’Homme dans ses généralités mais qui permet toutefois à un état de promulguer des lois et des réglementations qui continuent sciemment d’oublier certaines catégories de personnes ou de les contrer dans leur souhait de vie. Nous serions tous égaux devant la loi, mais justement certaines lois taillées pour le plus grand nombre ne vont pas à d’autres, qu’à cela ne tienne tout le monde les portera quand même, et tant pis si l’habit des uns devient la camisole des autres…

C Mecary
A ce propos la question sur « le mariage gay » est venue ces jours-ci en France devant le conseil constitutionnel, selon son président le conseil examine « si la loi est oui ou non conforme à la Constitution et aux principes généraux du droit (...) Il ne s'agit pas pour nous de faire des choix de société, mais de dire si le législateur respecte les principes constitutionnels ». Cependant, Caroline Mecary, dans sa plaidoirie a justement établi un parallèle avec ce qui s’était passé au Canada il y a plus de cinq ans suite à la décision de la cour suprême canadienne en faveur du mariage gay. C'est à dire que la Cour suprême canadienne s'est impliquée et a pris position pour faire évoluer les lois en question. Ainsi, le droit doit s’appliquer à tous, mais à tous en préservant les différences individuelles, donc sans leur porter préjudice ou les oublier. Si la notion reste la même, l’application du droit ne peut être schématique et uniforme, le droit doit s’adapter aux individus qui composent la société et pas l'inverse.

Ces notions simples ont toutefois beaucoup de mal à pénétrer les vieux cerveaux de notre soi-disant vieille démocratie. Sur cette question là nous sommes quasiment un des derniers pays occidentaux à ne pas vouloir accepter les évolutions de notre société, le Pacs suffisant au législateur pour se dédouaner d’aller plus loin dans sa réflexion et ses propositions évolutives des lois. L'un se cache derrière une Constitution et des droits fondamentaux sans en tirer d'évidentes conséquences, l'autre crée des commissions parlementaires en  cul de sac.

Pour cela et pour beaucoup d’autres raisons, on constatera que les failles de la démocratie sont nombreuses et que le pouvoir allié à l’argent pour une minorité active permet une dérive permanente vers un asservissement insidieux de la majorité. Métropolis nous montrait des citoyens-esclaves des temps modernes, marchant d’une même cadence, tête baissée et frappés d’abrutissement, dans une ville futuriste. Regardons autour de nous dans nos cités démesurées, nous n’y sommes pas loin : les mêmes masses courent pour un travail mal rémunéré et s’engluent dans des problèmes d’argent sans fin ! Mais ceux qui tirent les ficelles n’ont pas besoin de se lever tôt pour aller travailler ni élaborer des plans pour survivre !







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