"Tout ce que le coeur murmure" , recueil de poèmes Jean-louis Garac


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photo JLG

Voici un nouveau recueil que j'ai le plaisir de vous présenter, "Tout ce que le cœur murmure". Il est le fruit de diverses réflexions qui m'ont accompagné lors de promenades dans les Alpes-Maritimes, et dans des lieux où j'aime venir marcher, écrire, et voir ce fil du "présent" se lier au passé et à l'avenir. Il m'a donc semblé judicieux de vous proposer aussi des photos que j'ai prises de ces endroits qui ont permis à ce "murmure" de se laisser entendre...
 
* * *

Ici bas, les yeux fermés sur ma solitude,
Et d'aussi loin que nous viennent les déceptions,
Mon corps semble plonger dans l'or des certitudes!
La blessure est ouverte à l'orée des passions:

Elle saigne des mains où se perd la tendresse,
Elle est sur les lèvres où l'absence est poison,
Glissant dans les regards aux souvenirs, qui laissent
Couler des larmes au plus cruel abandon...


***

Et si l'éternité se prenait dans nos bras,
    Et la mandorle d'or de notre aura
S'ouvrait à ces trésors d'humanité perdue?
Et si l'or déroulait lentement dans les rues
    Cette lumière à cheminer vers toi?



photo JLG détail d'un retable


***

Je suis le repos, et la légende dorée,
L'enluminure fraîche au doux réveil des rêves;
Ma vie à ce dessin ainsi incorporée
Donne un corps à jamais questionné par vos glaives;
Et la poésie dort en ce jardin d'amour,
Comme s'en vont dormir les souffrances des jours;
Je suis la nuit, toujours, et l'aube qui se lève...


***
photo JLG

Tout revient au ciel d'or où se berce le monde :
Le souvenir d'amants comme les jours anciens,
Cet hier de l'enfance et ce pourquoi demain,
Enveloppés de mots que le mensonge sonde.

D'un côté l'infini éternité qui va
Se détachant de nous atteindre Dieu lui-même,
Et puis ce bref combat, étincelle qui aime
Mettre le feu aux poudres des univers las...

J'ai appris à laisser tomber les feuilles mortes,
A n'être qu'un instant compilé à jamais,
A sentir sous mes doigts comme roses de mai
Le parfum du plaisir qu'un seul poème emporte.

J'ai compris que le temps devenait mon allié,
Que tous les morts pour rien un jour prenait mémoire
Et sous couvert d'oubli d'une éphémère histoire
Revenaient dans nos coeurs sûrement se lier.

***

Peuples qui marchent, qui bataillent,
Vous n'avez pas vu l'horizon;
Vos regards ont cherché la faille
Comme on cherche une trahison
Dans le regard de l'autre...Vaille
Que vaille on a pris ce poison;
-Vous n'avez pas vu l'horizon...

La haine est un système en berne,
La mort se découpe à la mort;
Que d'incroyables balivernes
Ont fait gober par ce ressort !
Sentez la peur qui nous gouverne,
Brûlant la vie sans nul remords !
-La mort se découpe à la mort...

A l'avenir le monde arrive,
Et le partage est infini !
Les guerres tombent sur les rives
Où l'océan d'épiphanie
Transmue le sang en force vive,
En chants d'espoir, en poésie !
-Et le partage est infini !

***


photo JLG


Se retirer parmi les fleurs,
Parmi les amis des poètes,
Laisser infuser le bonheur
Comme rayonne un soir de fête,
Un soir d'écho qui nous entête
De mots perdus et de mots fleurs...

Plus que désir ou que passion,
Plus que d'ivresse ou de tristesse,
Te voilà collée d'impressions
A l'ombre des hommes; délaisse
En nous, liqueur des obsessions,
Fort d'alcool de mort et de vie,
Le goût de la mélancolie...

***

L’amour propre tue salement,
Jusqu’au dessin du sentiment.
La fleur d’aimer y sèche encore,
Que le souvenir nous dévore
D’un regard pleurant dans le temps !

Il faut jeter nos vieux réflexes,
Le fatras des codes, des textes
Qui lient notre vie au malheur ;
Aimer ne connait pas la peur,
Ni les placards maudits du sexe.

L’amour est de tous les pardons,
Mariage d’aube et d’horizon !
Quand il commence il se termine,
A son oméga il culmine,
Et tient au cœur d’une chanson !

Devant lui tout est inutile :
Passé, famille et biens futiles
Qui empoisonnent le présent.
Au milieu de tout ce néant,
L’amour nous donne un droit d’asile !

Il est comme un espace en fleurs,
Tessons d’infini, de candeur
Qui accepte tout de nous-mêmes
Comme tout pour ceux que l’on aime,
Par miséricorde et bonheur !

***

Danse mon arlequin,
La scène est vide,
Car les trop longs chemins
Laissent languides;

On peut jouer l'extase
En quelques pas,
Imaginer les phases
De nos combats,

Paraître à l'unisson
Du monde avide,
Et pirouette à frissons
Tomber lucide;

On peut prendre une pose
Même sans toi,
Ivre au fond de l'hypnose
De son coeur las...

Danse mon arlequin,
Tout est suicide,
Tu peux tendre la main
Au vent torride,

Il n'emportera souple
Qu'un corps déçu,
Simple écho de ce couple
Qui ne vient plus...


***
Photo JLG

De ta vie je ne connais
Que des images de nus,
Un sourire dont je sais
Peut-être l'espoir perdu...

Une jeunesse-jouvence,
Aux parfums de ta peau fraîche
Que je goûte de la France:
Mythe et fruits d'or comme pêche!

Le soleil des dvd
Est californien je crois,
De pouvoir y accéder
Est déjà un rêve en soi...

L'infinie joie de tendresse
Vole léger sur ta scène;
J'aimerai que tu délaisses
Ce faux chemin de l'obscène...

De ta vie je ne connais
Que l'imperceptible et l'or
D'un regard; courbes, harnais,
Grain de soie en fleur du corps...

***
Photo JLG

Je descendais seul des marches
De marbre et des Apollons
Désignaient nus l'horizon;
Un temple semblait une arche
Sur la colline bleu-nuit...
Quel chant ai-je pu entendre
Dans la musique si tendre
De ce vieux monde alangui?

Le bonheur poudre d'ivresse
Jusqu'aux objets quotidiens:
Pauvre lampe qui n'est rien
Et dont l'éclat devient liesse,
Pauvres gymnastes si noirs
Qu'ils dansent à l'infini
De ces parois arrondies
Pour les matins et les soirs...

Sur ce temps qui s'éternise
Je sais qu'il nous ment sciemment,
Et qu'un jour tout tristement
Ce sera poussière grise
Que mosaïque et jardin,
Et que Dionysos en pose
Si lascive...là je n'ose
L'inviter à vivre enfin...

***

Quand le soleil s'ennuie
Et qu'il part de nos coeurs
Le moindre mot nous nuit
Et sombre par erreur;

Tout un banc de nuages
Entraîne l'horizon
Dans un monde sans âge
Et sans nulle chanson!

Plus de notes collées
Au réveil, plus d'entrain
Et d'images frôlées
De parfums indistincts;

Plus de vivre et de danse
Où l'on se voit aimer
Et rire et où balancent
Nos corps aux vies germées!

Quand le soleil s'étiole
On est seul par millions,
Pénible cour d'école
Sans joie ni rébellion;

Se couvrant de l'espace
On s'enroule sur soi;
L'oiseau qui dort menace
Tout l'univers parfois...

***

Rêve en jeu de mots

L'atmosphère était d'océan,
De ce bleu froid et transparent
Où la lumière en blé ondule,
Comme au cadran d'une pendule;
Je me suis vu là dans le fond
Dans une forêt de cent thons...

Plus loin je poussais des rivages
Où le sable avait ton visage,
Et sur la plage un hôtel noir
Brillait comme un diamant le soir...
Ai-je entendu l'amour lubrique?
Mais les claques sont chimériques !

Je semblais vivre au jour la nuit
Si loin de tout ce qui nous nuit :
Faux amis, faux fric, et faux rôle,
Idée fausse et fausse parole !
Loin des éphémères brasiers
Quand le succès n'est qu'art bousier...

Alors je marchais vers des voiles
De nuages sur des mâts, châles
D'un coton gris pailletés d'or,
Les quais dansaient d'un faux décor
Au miroir des marins, sans doute
Un jeu d'homos que nul n'écoute...

***
Photo JLG

Ce soir les photos m'impressionnent,
Celles d'un passé, presque jaunes,
A l'odeur d'un tiroir ranci!
Avec le presque bleu aussi
Qui contracte tout dans sa zone
D'oubli...

Le souvenir est une palette sans nom,
La couleur flanche et te dit "non".

Ce livre a marqué mes études,
Il se fane seul, et s'élude
Du monde des mains et des yeux!
Je suis invisible en ces lieux,
Et mes objets, par lassitude,
Sont vieux...

Le souvenir ajoute un pétale impalpable
Au temps de larmes et de sable.

Comment retrouver sur ces terres
Mon jardin de roses trémières?
Et ces arbres au velours doux?
Un flash rouge et sombre, jaloux,
A brûlé l'image première,
Partout...

Le souvenir est une lettre dont les mots
Perdent leur sens et leur écho.


***


Un monde bruyant et stupide,
Au plomb du vulgaire, partout!
Comme une écume aux sels acides
Délite la vie par dégoût...

Etranges gueulards, sans mémoire,
Sans culture, et donc sans raison!
N'ayant pas vu qu'ils pouvaient croire
En eux, crevant de trahisons!

Ronde des morts aux corps difformes,
Poules, cafards, rampants visqueux!
L'enfer prend ces bouffons pour normes,
Et nous les mets devant les yeux.

Et par grimace et forfaiture,
Jeu du néant et du lampion,
Chacun laisse sa signature
Pour concourir comme champion...

***

Photo JLG

 
 
Je passe à travers
Les trous et les bosses,
Les fées Carabosses
Sorties de l’hiver!

Je passe à travers,
Les mots creux qui meurent,
L’homme qui demeure
Un loup découvert…

Je passe à travers
Les chansons, les peines,
L’amour et la haine
De tout l’univers!

Je passe à travers:
L’ortie et les roses,
Les métamorphoses
D’un cœur solitaire.

Je passe à travers
Ces visages d’ange,
Qui portent la fange
Dans leurs yeux si clairs…
Je passe à travers
Le souffle du monde,
Ce remugle immonde,
A tombeau ouvert!

Je passe à travers
L’étoile des livres,
Et l’Histoire ivre
Reprise à l’envers!

 
 
 
***

 
 
Face-ballade-book
Floue indolence
Des violences!
Qui réagit
A ce mépris?
Tout s’accumule
Et tout s’annule!
Fictif ou vrai,
Le moindre trait
Est mis en ligne
Et se souligne!
Tout sera dit
-Clic de souris!
Mais tout nous lasse,
Et se dépasse…
Furieux lundi,
Mardi j’oublie!
Longs commentaires,
Parfois sincères,
Parfois forcés
Et indiscrets!
Floue indolence,
Tout se balance
Dans l’océan
Virtuellement,
Et tous s’y noient,
Eux comme moi.
 

***

Photo JLG

 
Cabas de sciences,
Métaphysiques provisions!
Lorsqu’on y pense,
Il vient de loin l’homme en question…
Et la rosée
De l’esprit, quand tout se déploie?
Billevesées
Pour les uns, poèmes pour soi!
Mais l’infortune
Court sur ce trésor passionnant;
Même plus une
Ballade ou ode, il n’est plus temps…
Tout est offrande,
Et tout se gâche et se renie,
No poem’s land
Où la pensée se voit bannie!
La solitude
Tombe comme une pluie d’hiver,
C’est le prélude
Du temps sur les cœurs recouverts.
Romans, théâtre,
Et toi poésie de ma vie,
Au fond de l’âtre,
Se tordent et vont dans l’oubli…

***

Je veux laisser tomber le doute,
Tomber la laisse où je m'endors
Comme bercé de par mon sort
Imaginaire et en déroute!

Je ne veux plus voir ces constats:
Ce que jamais l'on ne me donne,
Ce que l'on me refuse, automne
Des attentes et des coeurs las...

Je veux effacer la mémoire
De ce que je n'ai pas reçu:
Amour, pensée, appel, vécu,
Qui sont les couleurs d'une histoire...

Je veux déminer le chemin
Où le passé me prend pour cible,
Le cercle maudit, l'impossible
Qui met hier face à demain!

Je veux respirer l'air du monde,
A la mer penser l'océan,
Au faux soleil prendre le temps
De vivre et pour chaque seconde!

***

Photo JLG et retravaillée en mode photo ancienne

Le bateau givre au port des rêves,
Pris dans des filets d'autrefois;
Et ce cristal sonne la brève
Beauté qui un jour s'en alla...

Evanouis en transparence,
Jusqu'à l'oubli d'être ici bas,
Les sentiments par élégance
Teintent la glace d'un bleu froid...


***

© Poèmes et photos Jean-Louis Garac

 

3 commentaires:

  1. Le cri du murmure
    Oui, ce murmure du cœur est un cri, un appel à notre « humanité perdue ». Et pour JLG, poète malgré lui, il n’y a pas de modération, pas de doute, il « plonge dans l’or des certitudes ». Ce sentimental, ce rêveur nous offre en partage son dialogue intérieur, une désespérance qui va se muer en espérance car l’Amour est toujours le plus fort.
    Sa poésie est la meilleure langue du cœur. Sa puissance d’émotion est contagieuse. Car l’on ressent une telle sincérité librement exprimée qu’elle donne force d’action et de résistance : « ai-je entendu l’amour lubrique ? mais les claques sont chimériques » « faux amis, faux fric, et faux rôle ».
    JLG, tu es trop vrai pour supporter la fausseté, l’ingratitude et surtout l’indifférence.

    Cette langue poétique efface toutes les douleurs du monde perdu. Elle appelle l’Amour du plus profond de son âme d’où elle jaillit comme une source bienfaisante. Ta désespérance est courageuse mais ton amour est plus fort encore car il fait « cheminer vers toi et vers nous cette lumière d’Amour ». Combien nous aimerions voir chez l’autre et chez nous, « la mandorle d’or » comme celle de cette sublime image de l’éternel féminin (le détail de ce retable).
    Et le lecteur ne peut que t’accueillir, parce que tu te donnes, avec toute la sincérité insolente aidée par une écriture élégante qui te permet de « passer à travers les visages d’ange …. à travers le souffle du monde… l’étoiles des livres et l’Histoire ivre. » « Quand le soleil s’étiole, on est seul par millions ». Quelle belle image !
    Je ne connais rien de la poésie et de ses procédés d’écriture. Ce que je cherche en lisant un poème, c’est l’émotion qu’elle déclenche qui me permet de ressentir au plus près ce que le poète nous offre en partage. Je veux moi aussi « retrouver sur mes terres, mon jardin de roses trémières »,
    « Je veux respirer l’air du monde,
    A la mer penser l’océan,
    Au faux soleil prendre le temps
    De vivre et pour chaque seconde ! »

    Merci JLG pour ces réflexions poétiques, et ces belles photos des lieux de ton pays où tu puise ton inspiration.
    On t’écoute, on t’entend et on entend les voix de la pure poésie.
    Je te souhaite vraiment que « l’Amour te donne un droit d’asile ».


    PS : Le cri du murmure
    Le lecteur a-t-il le droit de modifier le titre du recueil écrit par le poète ? Je ne le sais pas mais ce dernier ne m’en portera pas ombrage, enfin je l’espère.

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  2. C'est toujours un plaisir et une émotion lorsque je découvre ton ressenti autour de mes écrits, car c'est un vrai lâcher prise : mes poèmes vivent loin de moi et se fondent au coeur de mes lecteurs, et c'est impressionnant de connaître ce partage, ce rayonnement et cet écho qui ne finit pas ! Merci de tout coeur !

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  3. C'est un joli titre aussi "Le cri du murmure", je suis heureux de voir qu'on adopte ce recueil et qu'on le rebaptise ! ;)

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