LE « CONTE » DE RESULTAT 2010


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Arcimboldo
 Dans ces périodes de fêtes, les orgies décoratives que l’on voit un peu partout dans les villes, les vitrines et dans les plats sont souvent en contradiction avec le marasme intérieur que l’on peut connaître. Nous sommes en quelque sorte des sapins ambulants… et nous portons nos « boules », de colère et d’ennui, bien en évidence, en clignotant de toutes les alertes psychosomatiques possibles et imaginables ! Et nous sommes aussi des enchaînés, des prisonniers aux milles lourdes chaînes invisibles, qui retiennent nos gestes, nos conditions, nos pensées, nos goûts, jusqu’à nos rêves ! Ce malaise profond et cet asservissement sournois nous cristallisent dans la même névrose.

En fait, toute notre société est une lente dérive vers une forme d’esclavage high tech, mêlées de croyances arriérées et d’emprise de nouveaux dieux cruels et figés, qui ne sont plus des dieux de pierre mais des dieux aux chairs des canons de la mode.

HS Tuke
D’une part, les multiples tampons et enregistrements que nous recevons depuis notre naissance nous engluent et nous mettent sur des rails que nous ne choisissons plus. Du numéro de la sécu, aux références bancaires, aux identifications des impôts, des assurances, et de toute forme d’immatriculation, notre vie devient une liste de chiffres sans fin, un peu comme le chiffre Py ! Cependant, celui qui nous colle à la peau et que nous trainons toute la vie est le chiffre « pire »… Pire comme les taxes qui ne cessent de grimper tels des lierres furieux, pire comme des redevances qui bouillonnent et se déversent de mille réglementations aliénantes, pire comme des salaires en monnaie de singe, pire comme des inflations déguisées qui font du café, de la brioche, ou de n’importe quel légume le plus simple l’équivalent d’un bijoux rare !

Il ne nous reste plus qu’à porter l’aubergine en sautoir façon Bulgari, le chapelet de mini brioches en ceinture branchée façon John Galliano et à s’humecter de café l’arrière des oreilles comme s’il s’agissait d’un concentré rare et précieux ! Après Dior, Chanel et Guerlain voilà le « Jardin des bretzels », le « Sous-homme » et « Le numéo 5 n’a pas encore gagné au Loto » !

D’autre part, tout ce qui existe et construit notre quotidien, loin de faire notre bonheur, participe à notre isolement et au fractionnement imbécile de nos vies ! En premier lieu les excès dans l’utilisation des téléphones portables et de leurs gadgets qui font de leur utilisateur des drogués de la communication qui n’ont cependant rien à dire ni rien à proposer, en second les dérives du net et les faux réseaux de connexion qui font de notre présent et de notre avenir une mare virtuelle puante, peuplée de bébêtes à la Jérôme Bosch !



Le paradoxe c’est que tous les outils de communication rapide et facile deviennent des outils de destruction de la communication… Loin de permettre aux hommes et aux femmes de se connecter et d’approfondir des liens véritables, ils libèrent des fantasmes et des arrières pensées qui prennent la place de toute logique et de toute forme de pensée constructive. Le visage de l’utilisateur moyen du net aujourd’hui c’est celui de Saturne peint par Goya : il mange ses propres enfants. Il est fou !

Ce qui me surprend le plus c’est la dérive autour des mots et de leur sens, notre langue devient langue de bois mais pire dans une même phrase nous assistons à une forme de déconstruction insidieuse : les contresens, les incohérences, et tout ce qui peut apparaître comme illogique foisonnent ! On exprime tout et son contraire, de plus l’irruption dans le réel de nos désirs, tels des brouillards fantasmés et rêves clonés par le diktat des cultures de l’image, ne permet plus de concevoir un discours clair et simple. Le "je veux", "je ne veux plus" comme la soif de posséder, ou la peur, ou toute affirmation et son contraire, déversent un discours sans queue ni tête ! Nos phrases se fragmentent en autant de mots opposés et de sens contradictoires, cela est très flagrant sur les sites de tchat et de rencontre et les profils rencontrés sur les nouveaux réseaux sociaux qui fleurissent depuis quelques années.

Le morcèlement se retrouve donc dans le discours de chacun comme il se retrouve déjà dans la société plus ou moins éclatée que nous connaissons aujourd’hui avec ses oppositions traditionnelles et ses oppositions récentes, par exemple : riches/pauvres, jeunes/vieux, croyants/non croyants, cultivés/non cultivés, sportifs/non sportifs, metrosexuels/non metrosexuels, branchés/non branchés et les sous groupes qu’elles engendrent à leur tour.

Parfois un regard innocent et clair peut par un simple mot déclencher une salutaire prise de conscience…  « Le roi est nu » disait le conte et cela suffisait à enlever le voile de l’hypocrisie, de la bêtise et de tous ses rituels ! Alors faîtes tomber vos chaînes, regardez le temps perdu à courir derrière des mythes, à entretenir vos propres illusions, apercevez tout ce que vous avez écarté, bousculé voire « tué » (psychologiquement parlant) et prenez bien le temps de mesurer ce que vous êtes devenus.

Certains livres incontournables, certains films, certains peintres amènent cette prise de conscience, mais ils sont aussi rares que précieux parce qu’ils bousculent nos a priori, nos lâches habitudes et nos réflexes mentaux tournés vers la paresse ou le renoncement.

J’ai essayé tout au long de l’année de parler de ces œuvres clefs, et je remercie aujourd’hui leurs auteurs de nous avoir permis de réfléchir en 2010 "au fond des choses"!



Pour ne citer que les principaux livres, je salue : Castetbon (Les condamnés), Reynaert (Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises), Négrier (Contre l’homophobie, l’homosexualité dans la Bible), Ehrman (La construction de Jésus), Tahar Ben Jelloun (Jean Genet menteur sublime) ;

Klee
ou les principales expositions : Turner, KleeFreud ;

ou les meilleurs films : « L’arbre et la forêt », « Strella » ;

et aussi les articles des ami-e-s : John et Sonja !

Et si cela vous a intéressé, vous pouvez également retourner vers les autres articles que j'ai écrit sur divers sujets.

liste des articles : le Blog

Que l’année 2011 puisse nous aider à développer ce chemin d’amitiés et de découvertes !


Cité dans ce billet 



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