Notre-Dames-des-fleurs, Jean Genet, (* le personnage de Divine est un travesti prostitué)
Loin de moi l’idée de donner dans la compilation surannée mais délicieuse des gloires d’antan, je n’en ai ni la force inspiratrice ni la documentation nécessaire. J’ai simplement envie d’invoquer quelques noms comme une sorte d’incantation magique d’une époque révolue qui devait être passionnante, trouble, difficile mais tout compte fait plus humaine que la nôtre...
Le monde gay actuel semble ne plus avoir de vrai cheval de bataille, il est éclaté comme les obus qui ont le bout en fleur, et c’est parti dans tous les sens, et dans tous les non-sens aussi ! Une image me revient souvent à l’esprit celle qui clôture le film « 2001 l’odyssée de l’espace », de Kubrick, où l’homme finit seul dans sa petite cellule ultra-moderne. Pour moi, c’est l’image prophétique de l’homme d’aujourd’hui, et surtout du gay, caché derrière son écran d’ordinateur : insaisissable, limité aux recherches du paraître, n’ayant nul sentiment ou nul vernis humain et très solitaire en fait.
A l’inverse, l’époque dont je vous parle avait au moins un avantage : la boîte aux illusions n’existait pas ou pas de la même façon ! Car la boîte à illusions de l’époque, notamment pour les gays, c’était les lieux animés, grouillant de monde, parfois cachés, parfois ayant grande renommée y compris chez les hétéros, où l’on chantait, dansait, imitait et où l’on se travestissait aussi, car l’Attraction, la Patronne ou les Personnages qui donnaient une âme à ces lieux mettaient du rouge à lèvres, des fards épais sur les yeux, osaient des perruques extravagantes, des nudités habillées de résilles, de soieries ou de plumes et portaient des bijoux qui auraient pu faire pâlir d’envie Pierre Loti et les maharadjahs réunis.
Et puis il y avait leur charisme, leur élégance sulfureuse et la perturbation qu’ils produisaient à cause de cette confusion des genres et de cette excitation même sur les hommes de toute sensibilité. Cet écrit essaye de rendre hommage à ces hommes-travestis, courageux, délirants, hors normes, connus et inconnus, qui les premiers ont tracé la voie de la liberté homosexuelle et tout simplement de la liberté d’être.
John Cameron Mitchell, retrouvant ce vieux filon dans ses deux films « Hedwig and the Angry Inch » et « Shortbus », fait jouer des travestis qui sont comme des étoiles du berger ! Il faut suivre Hedwig, de chansons rock en chansons rock, comme il faut s’abandonner à ce cabaret underground tenu dans Shorbus par ce travesti extraordinaire, l’âme même de ces lieux, car ici tout s’éclaire : les craintes, les angoisses, les passions, et le sexe, le sexe enfin déshabillé de sa gangue de préjugés, de tabous et de peurs ! « Sexe » : comme on partage un repas sans oublier personne. Pas question ici d’ordinateur, la vraie vie, l’expérience initiatique et la révélation passe par ce lieu magique. Et les images de la dernière scène, similaires à un tableau d’Otto Dix, me laissent rêver au Berlin d’avant 1930, et au Paris de Brassaï et des poètes.
Il suffit de parcourir les magnifiques photos de ces années si lointaines, à travers ce grain du temps aujourd’hui disparu, ces clichés d’art ou clichés anonymes, et ces images sépias dont les tonalités trahissent une époque révolue, pour commencer à imaginer ce que cela avait du être en réel, en rires, en persécutions, en fêtes délirantes et en parcours humain. Et le tout souvent mené par la fée clochette du monde gay : le travesti !
L’Eldorado, le Mikado à Berlin, les Bals Bullier, Wagram ou celui de la Montagne Sainte-Geneviève, Le Magic city, Le Boeuf sur le Toit, le Mimi Pinson à Paris avec ses hommes fleurs, euphémisme raffiné pour désigner un défilé d’hommes nus, tout témoigne d’une intense vie homosexuelle où la figure du travesti est en quelque sorte une figure de proue !
Parmi ces photos d’un autre âge, je vois se détacher des figures aussi séduisantes qu’étonnantes, la plupart anonymes mais certaines encore connues grâce aux artistes qui les ont aimées et à jamais immortalisées en peinture ou en photo ou sur la pellicule d’un film.
Ainsi en est-il pour Barbette (1904-1973), né Vander Clyde, travesti d’origine américaine qui a été une « reine » des nuits parisiennes dans des revues à l’Alhambra, l’Empire, le Moulin Rouge et qui a joué dans un film de Cocteau « Le sang d’un poète » en 1930. Voilà ce que Cocteau disait de Barbette : « (...)un jeune américain de 24 ans, d’aspect un peu bossu comme les oiseaux, de démarche un infirme. D’une chute de trapèze lui reste la cicatrice qui retrousse sa lèvre supérieure sur une dentition désordonnée. Puis Barbette se grime et entre en scène ; ne l’oubliez pas, nous sommes dans cette lumière magique du théâtre, dans cette boîte à malice où le vrai n’a plus cours, où le naturel n’a plus aucune valeur ».
La plupart de ces personnages des lieux gays sont restés anonymes à tout jamais, mais certains travestis ayant régné dans le music hall parisien, ont su garder une ligne ou deux dans l’histoire de cette époque, comme O’Dett (1905-1973), de son vrai nom René Goupil, antiquaire et directeur de cabaret qui créa ce personnages haut en couleurs. Avec Pierre Dac il a raillé une de nos grandes idoles tragiques, Phèdre, et même dans une revue au début de la guerre Hitler lui-même !
Autre travesti célèbre, Charpini (1901-1987), né Jean Emile Charpine, qui avec son ami Brancato tournaient en dérision les grands duos célèbres d’opéra et d’opérettes, on le surnommait d’ailleurs « l’homme soprano » ! Il a même continué sous l’occupation soin rôle de « meneuse de revue » ...
Plus récemment des travestis et transsexuels tels Divine (1945 -1988) et Coccinelle (1931) ont porté le flambeau de cette tradition mêlant plumes et humour, mascara et délicatesse, caricatures et déshabillés...
Le monde féminin a eu aussi ses égéries dans le courant « garçonne » des années 20 avec notamment Missy (Mathilde de Morny – 1862-1944). Une autre grande figure du monde féminin avant, pendant et après la seconde guerre mondiale est celle de Suzy Solidor (1900-1983). Elle a polarisé le public de son cabaret avec son physique de Louise Brooks blonde et sa voix grave. Preuve de cette fascination la galerie de portraits qu’elle a légué au château musée de Cagnes-sur-mer, car tous les grands peintres de son époque lui ont rendu hommage avec leurs talents et leurs palettes !
N’est ce pas aussi nos chers travestis qui un jour ont dit clairement non les premiers aux forces de l’ordre made in USA lors des émeutes de Stonewall qui se tinrent à New York le 28 juin 1969 ?
Encore des travestis au service des gays et de la lutte contre le SIDA avec « Les soeurs de la perpétuelle indulgence » [1]
Vous comprendrez que le travestissement ne peut se traiter à la légère car il a une signification des plus profondes et des plus significatives au niveau du monde gay et peut-être même au-delà. C’est mythique et magique à la fois, car le travesti incarne une sorte de héros de théâtre idéal réalisant pour nous une « maïeutique » en quelque sorte : ses fards nous enlèvent nos ombres, son déguisement nous déshabille de nos mensonges, son chant est celui de nos destins.
Aujourd’hui des artistes tels Jean Guidoni, Olivier Py n’hésitent pas à se transformer pour leur spectacle et à se montrer travestis, leurs chansons prenant comme eux toute leur dimension.
Pour conclure je ne peux que vous encourager à découvrir ou redécouvrir tous ces artistes et peut-être à revenir sur vos jugements, souvent teintés d’hostilité même chez les gays, et puis si vous voulez avoir confirmation de tout ceci allez voir la pièce « Le cabaret des hommes perdus », je l’ai vu à Paris il y a un an avec Denis d’Arcangelo, connu aussi sous le nom de "Madame Raymonde" dans ses propres spectacles : du plaisir à l’état pur et du véritable diamant humain !
A DECOUVRIR « Chansons interlopes », 1906-1966 (Labelchanson). Coffret 2 CD, distribué dans les Fnac et dans certaines librairies (à Paris : les Mots à la bouche, Blue Book, Violette & co, le Tango). Rens. : chansons.interlopes@free.fr Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes , sous la direction de Didier Eribon, ed. Larousse.
Notes :
[1] Les Soeurs de la perpétuelle indulgence : Homosexuels pour la plupart, ces militants ont décidé d’occuper le terrain de la prévention en France au début des années 90. Leurs aînées américaines, apparues en 1979 à San-Francisco, ont produit le premier document au monde, en 1982, pour la promotion du safe sex. Leur credo est double : lutter contre l’homophobie et promouvoir la prévention dans la lutte contre le SIDA et les MST. Filles des rues, elles arpentent les trottoirs partout en France, inlassablement et apportent amour, joie et paix. Elles viennent de sortir un magnifique livre de photo aux éditions Alternatives (photos de Olivier Touron et texte Laurent Catherine.
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RépondreSupprimerN'est-que pas que la solitude elle-mème eveille quelque attente fébrile? Voici l'entrée, vide, discrètetement illuminée comme une musée nocturne – la terasse, avec ses torchères ondoyantes par un soir d'Avent étrangement doux – laissant le vestibule et les murmures de voix – la chambre immaculée immaculée et la musique de danse derrière le mur – et le bar à cocktails mondains – le bassin où le nageur s'entrâine, longeur après longeur, il en n'a jamais assez, il doit y mettre de sien – enfin, tournant vers le haut au coin du sombre couloir vient la fille noire et pâle, altière, déterminée et de style épuré, ainsi qu'un moderne avion de chasse suédois.
Poétudes
In Totenstadt kann Nichts wachsen,
Nacht bebaut die grüne Bezirke.
Wache, Kind, wache!
Es kommt ein Mann zum Haus.
Es läuft das Gerücht um schwarze
Schein von brennende Schächte.
Wache, Kind, wache!
Er öffnet die Tür zum Zimmer.
Das Mond der Nachkriegszeit fällt
seine Auge über allen Gärten.
Wache, Kind, Wache!
Der König hat er gestürzt.
Deine Atemwende wird leicht als Tod
führt Erwartung zur Himmelskapelle.
Träume, Kind, träume!
Dein Vater ist immer bei dir.
Meine deutsche Gedichte
SONNET XXXIX FOR KATIE
I went downtown, saw Katie in the nude
on Common Avenue, detracted soltitude
as it were, like a dream-state rosely hued,
like no one else could see her; DAMN! I phewed;
was reciprokelly then, thank heaven, viewed,
bestowed unique hard-on! but NOT eschewed,
contrair-ee-lee, she took a somewhat rude
'n readidy attude of Sex Prelude; it BREWED!
And for a start, i hiccuped "Hi!", imbued
with Moooood! She toodledooed: "How queued
your awe-full specie-ally-tee, Sir Lewd,
to prove (alas!), to have me finely screwed,
and hopef'lly afterwards beloved, wooed,
alive, huh? Don't you even DO it, Duu-uuude!"
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Exit time. Las chicas dejan el espejo de bar
dormindose en sus corazónes de alta traícion.
El Señor no levanta. Él pastorea a sus pies
los presuntos compradores. Y nos bendice.
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Consider Sex and time, procreation, reincarnation. Trigonometry! I envisage the time axis as the repetitive tangens function. Do you see what I mean? What can be tentatively derived from this notion? Clue: orgasm AND birth pangs at tan 0.
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- Peter Ingestad, Sweden