L’enfant qui tirait un sapin de Noël avec son tricycle


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« Into the Wild » a été réalisé par Sean Penn, acteur et donc aussi réalisateur de talent ! Le film dure environ 2h30 et nous fait découvrir un parcours de vie et un itinéraire décoiffant à travers les merveilles de la nature made in USA : du Grand Canyon à l’Alaska ! Il s’agit même d’une histoire réellement vécue, la dédicace à la fin de l’histoire ajoute encore à l’étonnement que procure ce film.

S’il n’y a rien à redire sur la mise en scène, le montage du film et ses flash-back, l’interprétation des acteurs etc. en revanche l’histoire elle-même me dérange un peu car, je vous l’avoue, elle m’a profondément ennuyé !

Manque-t-on à ce point de personnages intéressants, riches et complexes, qui interpellent sur tel ou tel aspect de notre société ou de la condition humaine ? manque-t-on de personnages réels dont l’existence sort un peu du commun pour s’attarder dans les poubelles des hôpitaux psychiatriques en exhibant un jeune garçon en pleine phase régressive, fuyant son identité, ensevelissant un peu partout les dernières traces de sa vie familiale, capable d’agir sans réflexion au risque d’y perdre cent fois sa vie (ce qu’il va finir par faire), ne donnant rien, si ce n’est une vision exaltée et sans profondeur d’un soi-disant retour aux sources ?

Sans papier d’identité, vagabond, prenant ici ou là de bons repas avec des hippies de passage ou un pauvre vieillard en mal de famille, il passe sans s’attacher ! voit-il une jeune fille, amoureuse de lui, qu’il ne lève pas le petit doigt, toujours dans un ailleurs d’espace et de pensées, mais il lui dit tout de même -sans rire- qu’il ne faut pas laisser passer les choses qu’on aime (cruel non ?) ! ! ! Il vit un moment dans un désert près de sources chaudes, des nudistes sont sur place, (on se dit tiens il va trouver un havre de paix et partager cela), et bien non il reste à côté sans se mêler et habillé !

Il brûle des billets de banque, il veut vivre près de la nature mais il se fait embaucher dans une immense plantation de maïs (transgénique à coup sûr), Il se réfugie en Alaska en coupant tous les ponts avec les autres et le monde mais il investit un vieux bus perdu dans les neiges (tiens toujours l’image de la société), il chasse avec un fusil à lunettes, etc. on peut s’amuser à répertorier tout le long du film les contradictions de notre anti-héros ! ! !

L’Alaska a remplacé sa libido… et c’est bien à un être de glace que nous avons affaire : il fuit sa famille, il se fuit, il efface son nom, il ne donne pas d’amour, la nature n’est vue que comme un garde manger sans jugeote, on s’étonne de l’absence de gibier comme de la montée des eaux d’un torrent : on est un peu « just »… On va même jusqu’à tuer un élan pour se faire une réserve de viandes fumées, mais patatras, les vers sont là, les loups rodent, l’élan est mort pour rien ! Un jour terrible selon lui, et d’autant plus terrible que son barbecue alaskien lui rappelle les barbecues familiaux avec brochette de dispute sous toutes ses faces : partir si loin pour être rattrapé par sa mémoire : quelle guigne !
Certes il lit Tolstoï, un des rares livres de sa thébaïde, qui lui enseigne ce que déjà Voltaire enseigné dans Candide : se satisfaire de ce qu’ l’on a, se cultiver et cultiver son jardin… Bref, il finit par retrouver son nom, il n’est pas sûr qu’il retrouve ses esprits et il meurt d’avoir joué à 23 ans et des poussières un castor junior de huit ans parti dans un Alaska de chimères comme les enfants peuvent s’évader le temps de vacances dans leur cabane au fond du jardin !
Le cinéma américain, chose inquiétante, nous livre donc de jeunes personnages assez perturbés : entre « Eléphant Man » : tueurs de petits camarades sans explication et « Into the wild » : tueur de soi-même sans raison …
Une image résume bien ce film, elle apparaît en second plan dans une scène en bord de mer avec le regroupement des hippies : on y voit un enfant tirant un sapin de Noël au sol avec son tricycle…

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