L’inélégance ou le commerce entre gays début XXI°s...


(0) commentaires


 Par le mot «commerce» vous aurez sans doute instinctivement compris que j’utilisais et comprenais ce substantif au sens qu’il avait pu prendre à la fin du XVII°s, à savoir «manière de se comporter dans les relations humaines» ; je ne dis mot ici du sens de «relations charnelles» contre rétribution, qu’a pu prendre le mot commerce à la même époque et qui a perduré jusqu’à nous au grand dam de la morale, de la courtoisie et de la commisération que chaque humain devrait porter pour son prochain !



Aujourd’hui donc ce «commerce» entre les hommes connaît bien des déchirures et des accrocs irréparables, certes la société qui dans son ensemble n’a plus ni le vernis de l’éducation, ni l’auréole de l’instruction et encore moins l’aura de l’altruisme, vous «marche» dessus, au sens figuré, et vous consomme comme un objet utilitaire et jetable !


La seule donnée qui ait grandi inconsidérément depuis des lustres c’est l’égo ! Égoïsme ou égotisme, l’égomanie frappe avec insolence les sociétés chrétiennes occidentales qui se sont bâties et ancrées dans l’abandon de soi et les vertus d’accomplissement dans l’honneur et le bien commun ! Mais, après deux guerres mondiales à l’horreur inégalée, un nombre incalculable de guéguerres idiotes et inutiles, des manipulations politico-économiques qui ont fini par se faire remarquer et une désaffection du sacré, le tout a sombré le nez en avant comme le Titanic sur les flots calmes et glacés des illusions. Trop de sacrifices ont tué le sacrifice, l’homme d’aujourd’hui pense d’abord à lui !

Dans ce grand chaudron sociétal, le petit crouton gay y va de remous identiques ! Foin donc des solidarités passées lorsqu’on pourchassait «la tapette» et que le tout gayland : travestis du Bonheur des Dames, danseurs de Tango aux sourcils épilés, hommes de lettres insolemment libres, hommes d’épîtres et de goupillon discrets comme des ombres en hiver, coiffeurs déguisés en hétéro, faune déshabillée des sous-bois, réagissaient d’un même «Oh !» de passion et de colère !

Aujourd’hui la grande usine mondiale des «Barbie-boys» fabrique autant de sex-toys que d’utilisateurs homos : grand, rasé, musclé sec ou non, tatoué, bronzé, jeune, le modèle est inépuisable et inépuisé, mais ce barbie-boy ne parle plus que de son physique et ne dis rien sur ce qu’il est vraiment, en plus il se jauge uniquement au nombre d’amis facebookés ! Tous les autres qui ne sont pas des barbies-boys comme lui, il les regarde de haut comme des monstres ! A mon sens le mythe de l’homme gay se réifie et se propage comme une marée noire, en contrepartie les comportements des uns envers les autres entrainent une chosification hallucinante des individus !


Oeuvre de Stradling
Dans le domaine de l’art, le seul qui conserve à mes yeux un réel intérêt, on ne compte plus les illustrations glamour, en photos ou en peinture montrant ce mâle, paré de tous ses attributs virils comme les dieux antiques, aujourd’hui propulsé en Image de Référence quasiment déifiée de l’Homme du XXI°s et de l’Homme Gay par excellence !
F Sagat par R Watson
Icône, diaprure et mandorle, auréole ou nimbe, aîles d’ange ou d’archange, nudité à la façon de Michel-Ange dans les fresques de la chapelle Sixtine, tout l’attirail de la sainteté est réutilisé pour créer une Image Sainte sous le pinceau ou l’objectif des artisites, comme a pu être réutilisé et détourné le mythe de Saint-Sébastien (voir mon article : http://espacecreationjeanlouis.blogspot.com/2010/01/les-extases-des-saint-sebastien-saint.html).


On pense à Pierre et Gilles et à de nombreux artistes dont Matthew Stradling dans un style bariolé et néo-baroque et à d’autres peintres qui réutilisent des œuvres connues de tous pour y substituer des personnes façon top models ou des personnalités d’aujourd’hui. Ainsi le prototype s’incarne dans une certaine réalité et prend la place des mythes anciens. Les somptueux tableaux de l’australien Ross Watson mettent en scène ce changement de sacralité en échangeant les modèles ou en les superposant, tout en proposant ce nouveau mythe. Déjà Le Caravage avait montré toute autre chose que certains martyres par exemple…
Oeuvre de G Quaintance
Depuis des dizaines et des dizaines d’années, avec des dessinateurs tels Georges Quaintance ou Tom of Finland, le mythe ou la légende gay a pris corps et a donné à voir des prototypes masculins grands, musclés et TBM, nus ou habillés très juste au corps ! Cependant, on est passé du coup de crayon caricatural et bon enfant représentatif d’une communauté en quête de référence où le rêve presque palpable se fondait dans le jeu de l’érotisme et de la valorisation, aux changements profonds des mentalités prenant pour argent comptant ces fantasmes en dessins et peinture.



Oeuvre de Stowitts
Dans le domaine de la plastique humaine et quotidienne, partout un masque à la Dorian Gray se dessine à l’envers, car plus la menace du temps affaiblit la chair, plus la riposte des éternels jeunes est étonnante ! On remonte les joues, les sourires, les fesses, on tire les rides, déplisse les cous, repulpe les creux, on lasérise les tâches de vieillesse et implante des dents luisantes et blanches comme celles des serials-killers de 20 ans ! Il suffit de regarder les portraits des riches vieillards qui font la mode planétaire, charcutés par les tripiers de l’apparence, pour se dire que tout cela sent la momie et la déconfiture du naturel à plein nez, mais voilà la momie sort avec un très jeune étalon…
Narcisse par Le Caravage
Pour les jeunes musculeux, le corps se change aussi en livre ouvert richement orné ! Aux courbes des muscles viennent se lier les courbes et arabesques des tatouages, l’un soulignant l’autre ! Le corps s’enrichit de parures et se lit comme une œuvre d’art grâce aux artistes tatoueurs. Le tatouage devient un superlatif visuel pour magnifier la peau et les formes ainsi mises en valeur.
Photo de Stowitts par Muray
Ce monde demeure toutefois bien factice, aucune attention des uns envers les autres ni de solidarité, plus de respect non plus, le « pillage » est de règle à tous les niveaux. Les îlots du monde gay connaissent le même déclin et les mêmes usures que le reste de la société ! Il est parfois plus dangereux, psychologiquement parlant, de s’aventurer dans ces lieux gays où règnent les stéréotypes et toute forme de consommation afférente que de vivre chez les hétéros. Partout, le réflexe sournois du rire en bande est roi, et la brebis galeuse est désignée avec délice par un groupe de barbie-boys surmusclés ou croyants appartenir aux groupes à la mode ! Là, les ragots teintés de mépris et de malveillance vont bon train dans les lieux de drague, les milieux associatifs, les bars, les cruising-bars etc.

Oeuvre de G Quaintance
On constate que beaucoup de garçons s’insultent sur les réseaux téléphoniques ou via Internet pour des riens, s’acharnent à «tuer» le gêneur dans une association ou à évincer ceux qui leur font de l’ombre, une curieuse violence fissure les murs de cette petite communauté la fractionnant entre les «bons» gays d’un côté et les «mauvais» de l’autre, d’autres jaloux accusent certains sur le Web de contaminer leurs semblables dans une sorte de «sidacide» implacable, d’autres encore textomaniaques demandent des photos sous toute les coutures à leurs proies rencontrées sur le Web ou les réseaux téléphoniques pour des rencontres d’un soir ou d’une vie (soi-disant) et renvoient systématiquement comme réponse «désolé pas mon truc»… Or le «truc», la «chose», le «machin» c’est vous ! C'est-à-dire que vous n’êtes plus un être humain, mais un «objet» de consommation ou de non consommation que l’on regarde, utilise ou non et que l’on écarte selon sa fantaisie et sa cruauté.


Fait significatif, Facebook et apparentés deviennent le confessionnal à écran ouvert où tout est relaté avec une larme d’auto-considération au coin de l’œil chaque fois qu’un geste, une attitude ou un acte est consciencieusement rapporté. Ce n’est presque plus un journal mais une fiche médicale portant mention des différentes «températures» et états d’âme dans la journée ! Tout tourne autour du moi surdimensionné jeté en pâture aux autres !
oeuvre de G Quaintance
On en est tombé là ! Le naïf qui s’aventure dans ce monde implacable, que ce soit les espaces du Web ou le monde réel et qui cherche un alter-ego romantique va sortir bien déchiré d’une telle bacchanale ! Il rencontrera beaucoup trop d’«haltères-ego», des barbies-boys orgueilleux de leurs corps qui se jouent de l’autre physiquement et mentalement. Le masque des apparences, couvrant la pauvreté extrême de leur être, sera sanctifié comme la statue du Veau d’or ! Vous comprendrez pourquoi le mot «inélégant», employé comme titre à cet article, devient alors une litote bien gentille au regard de la réalité…







****************************************************
Liens :



Mathieu Stradling :
http://www.matthewstradling.com/home.php

Ross Watson :
http://www.rosswatson.com/cv/cv.asp

Tom of Finland :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Tom_of_Finland

Georges Quaintance :
http://boomer-cafe.net/version2/index.php/Imagerie/George-Quaintance-icone-gay.html











0 commentaires:

Enregistrer un commentaire