L'effet de nasse !


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B Biedul

N’avez-vous jamais eu ce sentiment de vivre à l’étroit ?

Vivre à l’étroit dans votre vie ?

Vivre à l’étroit dans votre appartement ?

Vivre à l’étroit dans votre présent et sans doute votre futur ?

Vivre à l’étroit professionnellement ou dans des perspectives (ou non perspectives) professionnelles ?

Vivre à l’étroit dans toute quête quelle soit philosophique, religieuse, amoureuse etc. ?

Il suffit de discuter avec des ami-e-s et avec toute personne au hasard des rencontres pour comprendre que ce sentiment est partagé par une majorité d’entre nous, LGBT ou hétéros ! Dans cette société de mutli-médias aux multi «ectoplasmes», pour reprendre une image du capitaine Haddock, l’effet de masse que nous subissons à chaque seconde est doublé par un effet de « nasse », en effet quoi de plus stressant et affolant que de se sentir toujours de plus en plus limité dans sa liberté et de plus en plus étouffé à chaque pas que l’on fait !

B Biedul

Tout ce que l’on peut espérer rencontrer c’est des embûches et des aigrefins qui en veulent à notre porte monnaie ! Notons que l’argent reste aujourd’hui le seul passeport qui puisse permettre d’acheter un peu d’espace et d’oxygène ! Dans un monde où tout se monnaye, où l’argent est roi, les billets sont devenus le lierre puissant qui enserre les idéaux, les nations, les hommes et les femmes, les sociétés, les cultures, et les différents ressorts de nos constructions mentales. Rien de bien nouveau me répondra-t-on, certes c’est un peu vrai, mais, les consciences et les valeurs ayant abdiquées, ce paysage de lierre est bien le seul aujourd’hui sous nos yeux à déployer son uniformité angoissante et la détresse solitaire qui l’accompagne : un monde en peau de chagrin en quelque sorte…


La sexualité m’a toujours paru "révolutionnaire", les libertins d’ailleurs n’ont-ils pas, dès le XVII°s., amorcé le grand charivari de notre société en préparant une autre donne entre les individus et les classes sociales ? La Révolution de 1789 a été également une révolution des mœurs et cela a été vrai chaque fois que la société a connu de violents soubresauts, et ce jusqu’en mai 68. Cependant, les «libérations» connaissent aussi des pannes et des temps morts, comme l’Histoire connait des vagues creuses… Aujourd’hui, même la sexualité est triste, plombée par des réseaux numériques en cul de sac, des images stéréotypées qui tournent en boucle, des garçons et des filles qui n’arrivent plus à vivre et à s’amuser dans la réalité car prisonniers de fantasmes inaccessibles, de comportements de plus en plus asociaux, sans parler de l’alcool et des drogues qui brouillent toute clairvoyance. La «fenêtre virtuelle» est à la dimension de nos écrans d’ordinateur : étroite…

Paradoxalement, les «libérations» peuvent amener aussi des régressions : à force de vouloir se libérer on peut s’enfermer dans un autre carcan, celui de l’image, de la jeunesse, de modèles sportifs ou autres pour ne citer que quelques pistes et passer à côté d’un véritable épanouissement et d’une véritable liberté. La démarche réellement authentique, provenant du cœur et de ses rêves propres, est alors contrebalancée par la manipulation insidieuse de tous les schémas imposés par les « cultures » du moment, qui enferment, aliènent et excluent… Ainsi, même si on entend souvent dire que la sexualité est aujourd’hui "sans tabou", elle n’est cependant pas sans préjugés…

La vie amoureuse est ainsi piégée dans la propre glue de ses fantasmes qui lâchent les réflexes comportementaux les plus vils et les plus primitifs : égoïsme, mépris, violence ! Adieu le vernis de l’éducation et du savoir vivre, et vive l’étroitesse d’esprit de nos contemporains !

B Biedul

Il y a quelques semaines, j’ai trouvé par hasard sur le net des œuvres qui peuvent tout à fait correspondre à ce sentiment d’enfermement ! Toutes ont été réalisées par un peintre américain dénommé Brian BIEDUL, né en 1955 à Colorado Springs, mais qui vit également en Europe et qui séjourne aussi à Paris. D’après les informations récoltées, ce peintre a déjà eu plusieurs périodes distinctes dans son parcours, dont ces tableaux hyperréalistes d’hommes nus qui se retrouvent enfermés et à l’étroit dans un cadre qui est celui du tableau lui-même. Cela d’ailleurs peut faire penser à certaines scènes de mime, dont celle du célèbre mime Marceau qui se retrouvait prisonnier d’une cloison aussi transparente qu’imaginaire.

Cet homme nu, si réaliste, tels les dessins de Léonard ou Michel-Ange, c’est un peu le prototype de tous les hommes, une sorte de référence hors temps où chacun peut se retrouver. Brian BIEDUL est aussi un passionné d’architecture, de lignes et de structures épurées. On le ressent déjà à travers ces toiles, comme dans les autres œuvres répertoriées sur son site.


Arman

Voilà donc ce «personnage» prisonnier de son «cadre», ou d’éléments extérieurs, qui peuvent être autant physiques que psychiques, et soulignons-le prisonnier et «nu», car peut-être prisonnier de ce monde, comme a une autre époque on pouvait se sentir prisonnier d’une faute originelle. Ces hommes nus sont un peu les Titans modernes dans leur chute, luttant sans cesse contre un étouffement qui semble n’avoir nul répit.

Warhol


Ce sentiment ressort également chez d’autres artistes à d’autres époques, mais différemment, comme avec l’utilisation de la duplication à l’infini ou de l’entassement d’objets hétéroclites ou de la schématisation de personnages interchangeables dans un univers souvent proche de la BD, donc dans un cadre bien défini. A mon sens des oeuvres d'Arman, de Warhol ou de Haring, pour n'en citer que trois, procurent ce même sentiment d'étouffement ou du moins de monde réduit et de destin fermé.

Haring

Ainsi l'objet, ou le personnage, tel qu'il soit, répété, multiplié, déshumanisé, mis à nu, étouffé, donne le sentiment dans les oeuvres d’art d’aujourd’hui, comme dans les différents courants modernes du XX°s, de servir cette même observation terrible d’un monde n’offrant plus d’horizons salvateurs et s’effondrant sur lui.




Notes :


Site de Brian BIEDUL : site du peintre























































































































































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