Le succès est parfois étonnant. Les rayons des libraires connaissent souvent plus de fréquentation quand ils proposent des livres en forme de recueil de pensées sur tout et rien, qu’ils soient de sagesse bouddhique, d’humoristes parfois inconnus ou de penseurs avérés plutôt que de longs romans, d’essais de 500 pages ou de biographies monumentales! Car le public en raffole et ce depuis la nuit des temps!
La formule d’une phrase courte et percutante frappe et séduit l’esprit, attire l’attention, claque comme une prise de conscience, procure un sourire indéfectible, et ouvre des horizons comme le ferait une parole de Dieu si nous avions les bonnes fréquences dans nos oreilles pour l’entendre!
Pourquoi me diriez-vous se laisser emporter par un roman quasi tolstoïen par sa longueur quand le public retient tout autant de simples phrases? Et en plus, les auteurs de ces «pensées» atteignent à une sorte de gloire immortelle, qui subjugue tant d’écrivains! Chez nous Pascal en reste un bel exemple, certes il est aussi connu par l’image qui l’a associé au regretté billet de 500 francs...
Les mots sont nombreux pour exprimer ces pensées. Dans la galaxie de ce champ sémantique, on compte plus de vingt synonymes autour du mot «maxime», qui semble être le plus littéraire et sans doute le mieux convenir pour décrire une pensée moraliste (de quelque morale à laquelle on se réfère d’ailleurs), concise et habillement écrite.
«Sentence, aphorisme, principe, précepte, axiome, pensée, dicton, adage, apophtegme, formule, proposition, vérité, théorie, proverbe, morale, règle, moralité, dogme, devise, brocard, dit, on-dit, réflexion» sont l’ensemble des termes répertoriés par classement synonymique autour du mot maxime!
Ainsi, depuis l’antiquité, un nombre impressionnant d’auteurs ont laissé à la postérité leurs réflexions, pensées, maximes et autres sentences, et le succès de ces écrits ne s’est jamais démenti. Parfois il ne reste de leur séjour terrestre qu’un nom et une pensée, ce qui n’est d’ailleurs pas si mal quand des milliards d’autres n’auront rien laissé d’autre que les boues de leur passage. Marguerite Yourcenar dans «La couronne et la lyre» en donne quelques fameux exemples.
De ce qui nous est parvenu de l’antiquité où l’art de la maxime puise sa source, on compte également des réflexions et pensées retrouvées sur des tombes, des fragments de poèmes ou de distiques qui se lisent comme des maximes, des proverbes de livres sacrés, des pensées rapportées par d’autres témoins.
Même au niveau des livres saints il ne reste parfois que l’image d’une phrase percutante qui vaut bien toutes les paraboles les plus déliées: «Seigneur je ne suis pas digne de te recevoir mais dit seulement une parole et je serai guéri.», «Que celui qui n’a jamais pêché lui jette la première pierre.», «...qu'il y aura de la joie dans le ciel, pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de conversion.»
C’est un peu comme le précipité d’une longue préparation alchimique mais avec le mystère et l’essence des mots…
Bref, la formulation d’une belle pensée, qui donne du plaisir à l’esprit et l’aiguillonne, a toujours frappé les mentalités et a séduit les hommes et les femmes de tous âges et de toutes les époques. Et cela a également aiguisé la créativité d’autres artistes tels: peintres, sculpteurs, ou musiciens, qui l’ont développée en image et en sensation.
Je vous laisse ci-après un petit florilège personnel qui illustre bien le piquant de ces pensées, maximes ou réflexions, en devenant pour nous des «vérités universelles», ce qui ne lasse pas d’impressionner chaque homme et chaque femme à travers les époques!
Marc-Aurèle : «Fais chacun de tes actes comme si c'était le dernier de ta vie.»
Pascal : «L’amour n’a point d’âge : il est toujours naissant»
Mme de Sévigné : «Gare à la flatterie, ma fille : trop de sucre gâte les dents.»
Madame de Sablé : «Rien n’est plus dangereux qu’un bon conseil accompagné d’un mauvais exemple.»
La Bruyère : «Les visites font toujours plaisir, si ce n'est en arrivant, du moins en partant.»
La Rochefoucault : «L’hypocrisie est un hommage que le vice rend à la vertu.»
Chamfort : «La plupart des livres d'à présent ont l'air d'avoir été faits en un jour avec des livres lus la veille.»
Victor Hugo : «(…) rien n'est plus imminent que l'impossible» «(…) ce qu'il faut toujours prévoir, c'est l'imprévu.»
Oscar Wilde : «Aimer, c'est se surpasser.»
Jules Renard : «On finit toujours par mépriser ceux qui sont trop facilement de notre avis.»
Yourcenar :
«Peu de bipèdes depuis Adam ont mérité le nom d'homme.»
Pierre Dac : «Une belle idée qui n'aboutit pas vaut mieux qu'une mauvaise qui voit le jour.»
Les deux livres que je propose à votre lecture m’ont apporté beaucoup de plaisir, de rire et de sourires. Les noms sont moins illustres que ceux cités précédemment mais le plaisir à mon sens est la meilleure compagnie qui soit et la plus fidèle certainement.
«Le dictionnaire» de Laurent Baffie et «Les 1001 épitaphes les plus drôles» de Philippe Héracles doivent faire partie de toute bonne bibliothèque, d’abord parce que les temps qui courent ne donnent pas vraiment l’occasion de rire, ni dans la vie professionnelle, ni dans la vie courante, ensuite parce qu’au-delà de la plaisanterie ces phrases sont parfois les seuls aiguillons que le quotidien nous procure pour «philosopher» un peu!
Ettore Aldo Del Vigo |
Livres cités dans ce billet
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