La WARHOL way of life !


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Pittsburgh n’est pas simplement la ville mythique de la série « Queer as Folk », qui en réalité ne ressemble en rien à un Eden Gay ; car si elle a été choisie comme ville symbole de ces téléfilms c’est sûrement parce qu’elle est la ville de naissance d’Andy Warhol (1928-1987), brillant publicitaire à ses débuts tout comme le personnage de « Bryan » de cette série culte !


Warhol est devenu le roi du Pop Art, il a révolutionné la pratique de l’art et permis a d’autres artistes de s’engouffrer dans cette voix où l’« art » ne ressemble plus à celui du passé mais emploie des techniques de production et reproduction similaires à celles de l’industrie, tel Koons aujourd’hui par exemple.


Warhol joue avec les couleurs, les formes, les photographies, les procédés, notamment sérigraphiques, et de presque rien donne à voir une oeuvre originale, facilement duplicable et diffusable auprès du public.

Si les oeuvres originales ont coûté plusieurs milliers de dollars à ceux qui les ont acheté, chacun peut depuis leur création trouver un ensemble d’objets et de répliques presque à l’infini et pour quelques dollars ou euros !

Partant de portraits ou de peintures célèbres, d’artistes comme de parias, d’hommes politiques comme d’artistes des rues, d’objet de grande consommation ou de symbole sinistre de mise à mort comme avec la chaise électrique, tout ou presque est passé dans le kaléidoscope de son regard et de son imagination ! Mais tout se met aussi sur la même portée en quelque sorte : La Joconde, Mao, la soupe Campbell etc. c’est une petite musique de limonaire interprétant l’air de la célébrité et du « connu de tous » et non une mélodie basée sur l’émotion et la création pure.

Les tableaux de Warhol s’inscrivent aussi dans la mouvance de la BD ! S’il est un art qui a émergé de façon décisive au XX°s, parmi tous ceux de l’image produits par ce siècle si visuel, c’est bien celui là ! Marilyn, Denis Hopper, Judith Garland et tant d’autres se transforment en icônes mythiques et en personnages héros de BD. La sérigraphie leur confère ce trait particulier façon coup de crayon et les couleurs flamboyantes les plongent dans l’univers de la BD des éternels adolescents. Le traitement de l’image, souvent reproduite à l’infini, rappelle de même les « cases » de la BD.

Inversion des couleurs, transformation de la réalité dans des tons psychédéliques, multiplication des formes, des visages et des silhouettes, inversion des genres également, Warhol offre, dans des toiles souvent au format cinématographique, un aperçu coloré, ludique, figé, ectoplasmique de cette société consumériste.

L’oeuvre revisitée renvoie à des registres d’oppositions : elle est à la fois parodie et hommage, détournement et vérité, jeu d’enfant pour le coloriage et tristesse d’adulte ou de clown. Mais la profondeur n’y est pas absente, cette retransposition dans ce monde onirique favorise une autre prise de conscience et renouvelle notre façon de voir ce que l’on ne regardait presque plus.

Picasso toute sa vie a correspondu avec les artistes des siècles passées à travers ses oeuvres puisqu’il reprenait leurs thèmes et leurs célèbres idées en les réinventant sous ses pinceaux, tout à la fois iconoclaste et peintre génial. Par exemple les tableaux de Vélasquez semblent l’avoir particulièrement marqué mais il y en eut également beaucoup d’autres.

Warhol, lui, donne une relecture des photographies ou des oeuvres connues, tel le David de Michel-Ange. Il ne part jamais de rien ou ne crée rien de lui-même, tout est réutilisation et réinterprétation à travers un matériau existant.

Justement l’exemple du David de Michel-Ange est très révélateur : la pose est presque identique mais le regard est porté sur le spectateur, le garçon presque nu porte un jockstrapp, indice qui révèle plus son homosexualité que son appartenance à un sport. Le joockstrapp est en effet un sous-vêtement très identifié, largement employé par les photographes et le cinéma érotique « gay », il cache et révèle en même temps, soulignant avec sensualité le galbe des fesses et le désir qu’il fait naître.

Tout l’ensemble du corps dans cette oeuvre est construit de plusieurs photos juxtaposées ou de l’illusion de l’être, le modèle apparaît en négatif mais faut-il le souligner Jean-Michel Basquiat, le garçon qui a posé pour cette toile, était noir et artiste des rues !


Derrière ce rappel, il y a aussi le goût de la provocation, le plaisir de révéler l’homosexualité du sujet, de lui-même, comme du créateur de la statue initiale, car il semble nous dire que ce négatif est la réplique de ce que le public croyait voir jusqu’ici à travers le David. Cette immense tableau en noir et blanc de 1984 (2.28 x 1.77) est une sorte de relique gay, un suaire des temps modernes qui entraîne derrière lui toute les couleurs de la vie de liberté et de débauches dont a profité Warhol au long de son existence, tout son goût de la réussite et de l’argent, de même toute sa maîtrise plastique ! Cela fait de cette oeuvre un brillant résumé de ce qu’il a apporté à l’art, à son époque et à sa sensibilité d’homme libéré de toutes contraintes sauf des ses propres obsessions...

 http://www.dailymotion.com/video/x4sd7w_andy-warhol_creation

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