« Ainsi, chacun lisait différemment ce livre de la création qu’on peut déchiffrer en deux sens, et dont les deux sens se valent, car personne ne sait encore si tout ne vit que pour mourir ou ne meurt que pour renaître. » Marguerite YOURCENAR, Anna, Soror…
« (…)L’an n’est pas plutost vieux que l’an devient nouveau, « Et tout revit ainsi dans une mort féconde. » Claude Le Petit, sonnet
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"Que le dit Petit soit conduit nu, en chemise soufrée, la corde au cou, par l’exécuteur de la haute justice, au devant de la principale porte de l’église de Notre-Dame, où estant, ayant en ses mains une torche ardente du poids de deux livres et étant à genoux, déclare à haute et intelligible voix que, méchamment et impiement il avait composé et écrit et donné à imprimer les écrits et libelles par lui reconnus et mentionnés au procès, dont il demanderait pardon à Dieu, au Roy et à Justice...Ce fait, qu’il soit conduit et mené en la place de Grève, où il aura le poing droit coupé, puis attaché à un poteau et brûlé vif avec les minutes de son procès et les cendres jetées au vent !"( Du Tillet - Président - 31 août 1662 ) – (1)
Que sait-on de notre Histoire ? Quelques dates, quelques clichés, éparpillés de façon confuse sur le ruban du temps ! La même vase qui recueille les épaves englouties au fond des océans sert à recouvrer dans notre mémoire ces précieuses informations du passé…
Pourtant ce qui est advenu jadis ou naguère est bien riche d’enseignement, cela conditionne tant de situations encore présentes et tant d’errements de la société, notamment pour tout ce qui relève de la liberté d’être, d’aimer et de cogiter. Malheureusement, on n’efface pas, d’un sursaut de pensée affranchie des assujettissements politico-moraux, 2000 ans d’étouffoir judéo-chrétien avec son système de raisonnement bloqué ! Certes, on a connu quelques périodes de relatives et récentes tentatives de délivrance face à ces « carcans », mais la bataille est loin d’être gagnée encore….
Toutefois, cette vision, si restrictive de la liberté de chacun et des diversités humaines, est aussi devenue un réflexe de comportement plutôt qu’une réflexion individuelle et un libre choix d’action. C’est donc contre ces schémas imprimés dans nos cerveaux qu’il faut lutter et amener à prendre conscience de ce que peut représenter la Nature et ses richesses…
Il est donc important de n’être pas trop insouciant par rapport à cette « Histoire », car elle n’est pas si éloignée que ça. Faut-il rappeler qu’à nos frontières l’obscurantisme, la haine, et le mélange insondable de la bêtise et de la férocité humaine font de certains pays des « portes » étranges nous ramenant aujourd’hui de force vers ce passé de mort…
Mais j’en reviens à notre « Histoire »… J’ai récemment découvert l’existence d’un extraordinaire poète, totalement et injustement oublié dans la plupart des recueils littéraires consacré au siècle classique ! Il s’agit d’un « Rimbaud » du XVII°s, mort à 23 ans pour avoir osé être un jeune homme libre ! Il a clamé son amour de la vie et du sexe en exprimant, loin des préciosités et des prudences de formes et de fond de son époque, son avis sur la société et sur le monde politico-religieux du début du règne de Louis XIV.
Je rappelle qu’à cette époque la société est une pyramide avec à sa tête un Roi tenant sa légitimité de « Dieu », une hiérarchie aristocratique relayant ce pouvoir et le tout étayé par l’Eglise, ciment de ce système. « Un Roi, une foi, une loi est une Trinité d’Etat » dit un commentateur de l’époque (Fortin de la Huguette, cité par Jacques Prévot). Chacun sait que Louis XIV centralisa le pouvoir. Quant aux parlements, à ne pas confondre avec nos parlements d’aujourd’hui, il faut les comprendre comme une cour de justice, servant également à la mise en application des décisions royales. Louis XIV d’ailleurs, à partir de 1673, leur retira tout droit de « remontrance »…
C’est dans ce contexte que vivait ce poète : Claude LE PETIT. Fulgurant jeune homme de lettres qui ne vécu que quelques vingt trois années pour laisser par ses poèmes un goût de liberté, d’irrévérence et en fait d’humanisme ! Les poètes ont-ils jamais été réellement aimés dans nos sociétés ? Celui-ci en tout cas a été livré au monde absurde du totalitarisme de son temps : meurtre ritualisé pour servir des dogmes de poussière et des hommes politiques tout aussi inconsistants...
Il est né a priori en 1638, il était fils d’un tailleur d’habits. On ne sait que très peu de choses sur lui. S’il nous revient aujourd’hui c’est sans visage ! Les mêmes flammes qui ont brûlé son corps ont dérobé à tout jamais son image puisqu’il nous manque un portrait ou une gravure pour nous le représenter ; ces mêmes flammes ont essayé d’anéantir en vain ses écrits. Mais c’était sans compter sur la « Muse » des Villon, Rimbaud, Genet et autres mauvais garçons qui, si elle ne peut pas toujours sauver ses poètes, protègent au moins leurs œuvres.
Ce poète là était bel et bien un garçon « turbulent » : ayant joué du couteau vers l’âge de 18 ans avec un frère Augustin, laissé mort derrière lui, ce qui lui donna l’occasion en échappant à la justice de découvrir très précocement l’Europe de l’époque. Revenu en France, il devint avocat et donna libre cours à son imagination et à sa sensibilité par des poèmes destinés à un cercle d’amis. Il écrivit aussi des poèmes de circonstances pour subvenir à ses besoins.
Cependant, pourquoi ne s’est-il pas rendu compte que ces poésies pouvaient se retourner contre lui ? Esprit libre, libertin, goûtant aux jolies filles et à la vie sans contrainte, il a oublié dans l’ivresse de ses vingt ans qu’il ne pouvait pas à sa place détenir les clefs de cette liberté à laquelle il voulait prétendre. De plus, son regard sans concession l’a amené à voir les grands de son monde pour ce qu’ils étaient en réalité, à considérer la religion avec la même impertinence et ses représentations sacrées avec la même gouaille et ironie !
Cependant, pourquoi ne s’est-il pas rendu compte que ces poésies pouvaient se retourner contre lui ? Esprit libre, libertin, goûtant aux jolies filles et à la vie sans contrainte, il a oublié dans l’ivresse de ses vingt ans qu’il ne pouvait pas à sa place détenir les clefs de cette liberté à laquelle il voulait prétendre. De plus, son regard sans concession l’a amené à voir les grands de son monde pour ce qu’ils étaient en réalité, à considérer la religion avec la même impertinence et ses représentations sacrées avec la même gouaille et ironie !
Dès que ces poèmes se retrouvent chez l’imprimeur la machine répressive se met en route, on saisit ses écrits, on l’emprisonne, on l’accuse d’écrire contre la religion et d’ironiser sur les relations entre la reine mère et Mazarin, lequel vient de mourir en 1661. Son procès semble avoir été expédié en quelques jours : il convient de faire un exemple pour s’assurer par la terreur que rien ne s’écrira avant longtemps de désagréable ou de séditieux !
Claude Le Petit a du faire face à un procès que l’on qualifierait aujourd’hui de « stalinien », on voulait sa peau, on l’a eu, et il n’avait nul protecteur haut placé pour essayer de réchapper à son sort. La sentence, reproduite en haut de l’article, est sans appel. Nous sommes le 1er septembre 1662, il a 23 ans, on le sort de prison, on le conduit devant Notre-Dame de Paris où il doit faire amende honorable, il avait en effet raillé la vierge ! Crime impardonnable au XVII°s ! Sans doute la foule avide de voir un spectacle cruel le suit, l’houspille, et nombre de signes de croix et de prières sont répétés par ce petit peuple.
Claude Le Petit a du faire face à un procès que l’on qualifierait aujourd’hui de « stalinien », on voulait sa peau, on l’a eu, et il n’avait nul protecteur haut placé pour essayer de réchapper à son sort. La sentence, reproduite en haut de l’article, est sans appel. Nous sommes le 1er septembre 1662, il a 23 ans, on le sort de prison, on le conduit devant Notre-Dame de Paris où il doit faire amende honorable, il avait en effet raillé la vierge ! Crime impardonnable au XVII°s ! Sans doute la foule avide de voir un spectacle cruel le suit, l’houspille, et nombre de signes de croix et de prières sont répétés par ce petit peuple.
Pour avoir osé écrire contre Dieu et les puissants on lui coupe le poignet. Cependant, avant de monter sur le bûcher, qu’on a préparé place de Grève, actuelle place de l’Hôtel de ville qui à l’époque se continuait jusqu’aux bords de Seine, on l’étrangle discrètement, seule concession de ses juges pour atténuer cette sentence, lui épargnant ainsi l’immonde souffrance de brûler vivant. On élève donc sur ce bûcher d’horreur son corps martyrisé recouvert d’une tunique empesée de poix ou de soufre pour qu’il s’enflamme mieux ! Les flammes sont sensés purifier son âme, car évidemment on vous brûle pour votre bien spirituel. Je suppose que les cendres ont du être jetées à la Seine.
Cette époque n’était pas facile : la famine sévissait dans ces années là, la superstition, le clan des dévots, la hargne toujours présente contre les réformés (n’oubliez pas que la révocation de l’Edit de Nantes a lieu en 1685) faisaient aussi de nombreux ravages et les guerres de Louis XIV se préparaient !
Mais il n’y avait pas que les crimes contre Dieu et les puissants qui menaient au bûcher, ceux qui étaient condamnés pour sexualité déviante, les « sodomites » connaissaient aussi depuis longtemps le même sort.
Mais il n’y avait pas que les crimes contre Dieu et les puissants qui menaient au bûcher, ceux qui étaient condamnés pour sexualité déviante, les « sodomites » connaissaient aussi depuis longtemps le même sort.
Etrangement, Claude Le Petit a assisté à une exécution d’un « sodomite », c’est à dire un homosexuel (mais ce mot n’apparaîtra qu’à la fin du XIX°s.) un an avant de connaître lui-même une fin tragique. Il a d’ailleurs eu le courage d’écrire un sonnet en l’honneur de cet homme, il s’agit de Jacques Chausson, dont l’affaire est restée longtemps célèbre sous l’ancien régime.
« Amis, on a brûlé le malheureux Chausson,
Ce coquin si fameux, à la tête frisée ;
Sa vertu par sa mort s’est immortalisée :
Jamais on n’expira de plus noble façon.
Il chanta d’un air gai la lugubre chanson
Et vêtit sans pâlir la chemise empesée,
Et du bûcher ardent de la pile embrasée,
Il regarda la mort sans crainte et sans frisson.
En vain son confesseur lui prêchait dans la flamme,
Le crucifix en main, de songer à son âme ;
Couché sous le poteau, quand le feu l’eut vaincu,
L’infâme vers le ciel tourna sa croupe immonde,
Et, pour mourir enfin comme il avait vécu,
Il montra, le vilain, son cul à tout le monde. »
Ce coquin si fameux, à la tête frisée ;
Sa vertu par sa mort s’est immortalisée :
Jamais on n’expira de plus noble façon.
Il chanta d’un air gai la lugubre chanson
Et vêtit sans pâlir la chemise empesée,
Et du bûcher ardent de la pile embrasée,
Il regarda la mort sans crainte et sans frisson.
En vain son confesseur lui prêchait dans la flamme,
Le crucifix en main, de songer à son âme ;
Couché sous le poteau, quand le feu l’eut vaincu,
L’infâme vers le ciel tourna sa croupe immonde,
Et, pour mourir enfin comme il avait vécu,
Il montra, le vilain, son cul à tout le monde. »
Beaucoup de ses poèmes ont disparu avec lui, car les oeuvres ont été détruites de même par le feu. Cependant, comme je le disais, suite à une miraculeuse et rocambolesque aventure de certains de ces écrits, nous pouvons lire encore aujourd’hui ces précieux et délicieux poèmes si directs, si pleins de vie, si justes car libérés des contorsions précieuses.
En effet, ces « sonnets luxurieux » et sa « chronique scandaleuse » de 132 dizains, où il dépeint avec verve le Paris de son époque, sont de grands poèmes très attachants qui m’ont bouleversé ! Mourir pour avoir osé écrire cela : quelle folie ! Il aurait pu faire sienne cette dernière et tragique réflexion qu’on prête au Chevalier de La Barre avant son exécution : « Je ne croyais pas qu’on pût faire mourir un gentilhomme pour si peu de chose »…
Claude Le Petit avait du courage car il dénonçait les abus du pouvoir religieux et s’amusait du pouvoir temporel. Il souffrait de constater les violences de son époque. Il semblait avoir du mal à trouver de quoi vivre dans cette société de courtisans et c’est par besoin d’argent justement qu’il a eu l’imprudence de publier ces recueils. Il avait du talent et ses vers ont le souffle des fulgurances rimbaldiennes car il avait le don de dépeindre ce qu’il découvrait, peut-être aussi celui d’approcher sa propre fragilité et la fraîcheur de sa jeunesse. Il aimait les filles, il avait de l’amour à donner et à recevoir, une sexualité vigoureuse ! Il ne semblait pas juger mal le « sodomite » Jacques Chausson qu’il a vu partir en fumée parce qu’il avait du comprendre bien avant son temps que la sexualité est « a-morale » et n’appartient qu’à chacun.
La fin tragique de Claude Le Petit n’est pas sans rappeler la non moins terrible et sinistre fin de Lucilio Vanini dit Giulio Cesare Vanini (1585-1619). Ce philosophe fut accusé d’être athée et d’avoir des moeurs contre-nature… Malgré la dévotion dont il fit preuve durant son procès il fut condamné pour blasphème, impiété, athéisme, sorcellerie et corruption de mœurs. On lui coupa la langue avant de le mener au bûcher, où il brûla vif, sur la place du Salin à Toulouse, le 9 février 1619. L’Eglise s’inspirait de l’ancien testament : comme Dieu avait précipitait Sodome et Gomorrhe dans les flammes, elle se devait donc d’être à la hauteur des jugements divins…
346 ans nous sépare de Claude Le Petit ! Sans doute son regard vif sur le monde annonce-t-il celui des révolutionnaires de 1789, mais il a eu peu de temps pour développer sa « philosophie ». Il a trouvé sur son chemin un personnage qui ne pardonne pas, un de ces êtres qui depuis l’antiquité jusqu’à nos jours portent l’ombre du destin et de la souffrance, celui qui n’a qu’une idée en tête, une idée terrible et n’en démord pas : « faire un exemple » !
Que ce soit avec le chancelier Séguier, magistrat et homme politique lié à Mazarin, pourtant soi-disant protecteur des gens de lettres, qui fit partit de ceux qui jugèrent cette affaire, et dont on peut voir un portrait réalisé par Le Brun où il parade presque comme un prince, ou avec le Lieutenant civil Daubray, qui arrêta Claude Le Petit, ou avec le président Du Tillet, la même idée de mort passa dans leurs yeux : « faire un exemple » !
La fin tragique de Claude Le Petit n’est pas sans rappeler la non moins terrible et sinistre fin de Lucilio Vanini dit Giulio Cesare Vanini (1585-1619). Ce philosophe fut accusé d’être athée et d’avoir des moeurs contre-nature… Malgré la dévotion dont il fit preuve durant son procès il fut condamné pour blasphème, impiété, athéisme, sorcellerie et corruption de mœurs. On lui coupa la langue avant de le mener au bûcher, où il brûla vif, sur la place du Salin à Toulouse, le 9 février 1619. L’Eglise s’inspirait de l’ancien testament : comme Dieu avait précipitait Sodome et Gomorrhe dans les flammes, elle se devait donc d’être à la hauteur des jugements divins…
346 ans nous sépare de Claude Le Petit ! Sans doute son regard vif sur le monde annonce-t-il celui des révolutionnaires de 1789, mais il a eu peu de temps pour développer sa « philosophie ». Il a trouvé sur son chemin un personnage qui ne pardonne pas, un de ces êtres qui depuis l’antiquité jusqu’à nos jours portent l’ombre du destin et de la souffrance, celui qui n’a qu’une idée en tête, une idée terrible et n’en démord pas : « faire un exemple » !
Que ce soit avec le chancelier Séguier, magistrat et homme politique lié à Mazarin, pourtant soi-disant protecteur des gens de lettres, qui fit partit de ceux qui jugèrent cette affaire, et dont on peut voir un portrait réalisé par Le Brun où il parade presque comme un prince, ou avec le Lieutenant civil Daubray, qui arrêta Claude Le Petit, ou avec le président Du Tillet, la même idée de mort passa dans leurs yeux : « faire un exemple » !
En 1662, Corneille avait 56 ans, La Fontaine 41 ans, Molière 40, et Racine le même âge que Claude Le Petit, 23 ans, et à un an près Louis XIV, 24 ans. En 1664, Molière allait écrire « Tartuffe » qui sera tout de même interdit de représentation pendant cinq ans ! On constate que personne de célèbre n’a jamais parlé de cette scandaleuse exécution, ou alors de façon allusive comme Boileau :
« Toutefois, n’allez pas, goguenard dangereux
Faire Dieu le sujet d’un badinage affreux ;
A la fin, tous ces jeux que l’athéisme élève
Conduisent tristement le plaisant à la Grève. »
Faire Dieu le sujet d’un badinage affreux ;
A la fin, tous ces jeux que l’athéisme élève
Conduisent tristement le plaisant à la Grève. »
La contestation était encore trop diffuse, la chape de plomb trop lourde et les croyances trop ancrées pour permettre de prendre conscience de cette ignominie. De plus, l’Histoire ne retient que des procès « symboles », comme ceux défendus par de grands hommes tel Voltaire au XVIII°s. qui pris cause pour le Chevalier de La Barre et Jean Callas (exécutés dans des souffrances sans nom) puis par la suite aussi pour Sirven (2) ! Mais il s’agit plutôt de procès criminels pour l’affaire Callas et Sirvén où chacun peut s’identifier comme victime d’une erreur judiciaire. Le reste tombe dans la poussière des siècles : procès de mœurs, de foi, d’intention, où la plupart des hommes ne s’y reconnaissent jamais. Ainsi, Claude Le Petit, sans défenseur notoire, n’a connu aucune réhabilitation...
« Or une alliance redoutable s’est nouée entre l’Etat, les Eglises et l’Université, centres d’un conservatisme social et intellectuel, et qui prétendent posséder la Vérité ; alliance du pouvoir temporel, du pouvoir spirituel et du pouvoir scientifique. Ainsi s’imposent des dogmes qu’on n’a pas le droit de soumettre à la moindre interrogation, intangibles non seulement dans le domaine religieux, mais aussi dans tout ce qui sert à représenter le système du monde, Dieu, la création, la nature de l’homme et sa place. » Jacques Prévot, Libertins du XVII°s, tome 1, La Pléïade.
Notes
Notes
(1) D’après les informations trouvées il doit s’agir de Jean Du Tillet, baron de la Bussière, président honoraire au parlement
(2) Sirven a pu néanmoins échapper à la folie destructrice des hommes et être reconnu innocent de son vivant. Par la suite, Le Chevalier de la Barre et Callas furent reconnus innocents, mais de façon posthume, grâce à l’action de Voltaire.
Pour vous procurer les livres de Claude Le Petit : Lekti-ecriture.com : Lekti-écriture
Sites à consulter & livres :
« Libertins du XVII°s », Jacques Prévot, tome 1 & 2, La Pléïade.
« Histoire de la folie à l’âge classique », Michel Foucault
« Les Bûchers de Sodome », Maurice Lever
Sur Wikipedia, Larousse & autres sites : articles sur Claude Le Petit, Jacques Chausson, bûcher etc.
textes rares poésie : Paris ridicule et burlesque au XVIIe siècle, Introduction par P. L. Jacob lien
Extraits des poèmes de Claude Le Petit :
« Obscurité charmante, ombre vaste et pompeuse,
Image du néant, voluptueuse nuit,
Mère de mon amour que l’Amour tousjours suit,
Rends -moi l’aymable objet de mon âme amoureuse. »
« Marchant moitié de pied et moitié de la main,
Et crotté jusqu’au cul comme un soc de charrue,
Je vis le long du mur venir à pas de grue
Un grand phantosme sec comme du parchemin. »
Et crotté jusqu’au cul comme un soc de charrue,
Je vis le long du mur venir à pas de grue
Un grand phantosme sec comme du parchemin. »
Sur le Pont Neuf
« Scavez-vous bien, nid de filoux,
Qu’il passe de plus grosses bestes
Par dessus vous, que par dessous ? »
Qu’il passe de plus grosses bestes
Par dessus vous, que par dessous ? »
Du haut des tours de Notre-Dame
« Descendons : la teste me tourne,
Le coeur me manque et la raison ;
Je tombe à terre en pasmoison,
Si plus tard icy je séjourne ;
Mais que je suis un bel esprit !
Plust à Dieu que la mort me prist
En finissant cet épigramme !
Si je mourois dans ces hauts lieux,
Mon corps aurait fait pour mon âme
La moitié du chemin des Cieux. »
Le coeur me manque et la raison ;
Je tombe à terre en pasmoison,
Si plus tard icy je séjourne ;
Mais que je suis un bel esprit !
Plust à Dieu que la mort me prist
En finissant cet épigramme !
Si je mourois dans ces hauts lieux,
Mon corps aurait fait pour mon âme
La moitié du chemin des Cieux. »
Sur la Grève (où il mourra)
« Malheureux espace de terre
Au gibet public consacré,
Terrain où l’on a massacré
Cent fois plus d’hommes qu’à la guerre... »
Au gibet public consacré,
Terrain où l’on a massacré
Cent fois plus d’hommes qu’à la guerre... »
Sur Saint-Louis (hôpital)
« Je ne puis pourtant en secret
A ce superbe Lazaret
M’empescher de donner le reste ;
Pourquoi faut-il, pays foutu,
Donner un Palais à la peste,
Et laisser pester la vertu ? »
A ce superbe Lazaret
M’empescher de donner le reste ;
Pourquoi faut-il, pays foutu,
Donner un Palais à la peste,
Et laisser pester la vertu ? »
Sur Port-Royal et les jansénistes
« Port sans lanterne et sans fanal,
Je ne veux point risquer mon âme
Sur une mer qui bruit si fort,
Puis que, quelque Saint qu’on réclame,
On fait mesme naufrage au port. »
Je ne veux point risquer mon âme
Sur une mer qui bruit si fort,
Puis que, quelque Saint qu’on réclame,
On fait mesme naufrage au port. »
Sur le collège des jésuistes (et sur sur la question pourquoi sont-ils « Pédagogues et foüetteurs de petits enfants ? »)
« Pour moy qui suis sans passion,
Je juge de cette action
Avecque plus de preud’hommie,
Et soustiens plus probablement
Que c’est par pure sodomie,
Et ce n’est pas sans fondement. »
Je juge de cette action
Avecque plus de preud’hommie,
Et soustiens plus probablement
Que c’est par pure sodomie,
Et ce n’est pas sans fondement. »
Sur le Roy
« Les Monarques ont les mains longues,
Ils nous attrapent sans courir,
Et n’ayment pas à discourir
Avec un peseur de diphtongues ; »
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Ils nous attrapent sans courir,
Et n’ayment pas à discourir
Avec un peseur de diphtongues ; »
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Certes, Claude Le Petit est inconnu du public ..... mais pas de ceux qui ont lu l'oeuvre d'Anne Golon "Angélique, Marquise des Anges"!
RépondreSupprimerIl y a plus de 40 ans, Anne Golon lui a redonné vie dans le 2ème tome d'Angélique "Le chemin de Versailles" et en a fait un personnage attachant et proche du portrait ci-dessus.
Oui que savons nous de notre Histoire ?
RépondreSupprimerUne passionnante et bouleversante histoire que tu nous racontes et qui n’est pas un récit romanesque mais une histoire vraie avec un véritable « procès stalinien ».
Ton amour pour la justice, ta réflexion profonde sur les notions de liberté individuelle dont tu es en permanence nourri, ne pouvaient pas te laisser indifférent devant cet abominable jugement et cette ignoble exécution par le feu. Nul besoin d’être poète pour cela mais le poète en a une vision plus charnelle encore. Tu fais preuve par cet écrit de talent d’historien et de chercheur (merci pour tes notes et ta bibliographie).
Et tu as pris, une fois encore, ta plume pour nous rendre compte de la cruauté et la férocité dont est capable l’être humain. Tu te poses en éclaireur des consciences, « contre les schémas imprimés dans nos cerveaux » aujourd’hui encore, chez nous ou ailleurs.
« la bataille est loin d’être gagnée »…. on le réalise chaque jour …
« Pour en revenir à ton Histoire »…tu nous permets d’aller à la rencontre de ce jeune poète plein d’avenir mais que l’absurdité du monde impitoyable a coupé court, brulé court , faudrait-il dire.
Je saurai maintenant qu’un certain nommé Claude Le Petit, brillant poète du XVII è siècle qui pour avoir « méchamment et impiement composé, écrit et donner à imprimer …. « fut brûlé vif et ses cendres jetées au vent en ce 31 aout 1662…
Et avec lui nous avons la vision de tous les innocents de la terre, sorcières, protestants, cathares et autres « hérétiques ».
Vous êtes non seulement catholique, sans nom (?), et en plus pour la peine de mort ! Cela fait beaucoup. Je trouve ridicule de défendre l'indéfendable et l'obscurantisme de cette époque et des croyants de l'époque. L'Eglise a au moins essayé de faire amende honorable en reconnaissant quelques lourdes erreurs...
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