Article proposé par John
Au pays des super-héros invincibles qui ne meurent jamais à la fin des films, John McCain et Barack Obama empruntent sans surprise, chacun à sa façon, au registre du « Héros américain ». John McCain d’abord, véritable héros de guerre, torturé lorsqu’il a été prisonnier pendant la guerre du Vietnam. Barack Obama ensuite, premier noir de l’Histoire américaine à pouvoir prétendre devenir président des Etats-Unis. Héritier donc du combat de Martin Luther King, autre héros de l’Amérique.
En quoi se distinguent les représentations démocrates et républicaines ?
Démocrates et républicains, acteurs d’une même pièce de théâtre.
POUR ALLER PLUS LOIN
Obama 2008 : http://www.barackobama.com/
Le site Obama 2008 dédié aux questions LGBT : http://pride.barackobama.com/page/content/lgbthome
McCain 2008 : http://www.johnmccain.com/
La question des super-héros aux Etats-Unis : http://www.evene.fr/celebre/actualite/superman-politique-miller-shuster-siegel-lee-clark-kent-1552.php
Un hors-série spécial US de Têtu : Têtu N°137 - Octobre 2008
Le site Internet de Dulce Pinzòn : http://www.dulcepinzon.com/
’Que dire pour présenter John ? si ce n’est qu’il s’agit d’un jeune homme très impliqué dans le monde d’aujourd’hui, toujours prêt à agir et manifester ses opinions, et très à l’aise dans des domaines divers comme l’art, la littérature, la politique, la défense des droits LGBT, l’économie etc. Nous aurions croiser John il y a trois siècles, on aurait pu dire de lui voilà un ’honnête homme’ ! Il a l’élégance de s’intéresser à tout, sans jamais surfer sur les banalités, il sait apprécier les ami(e)s et il cultive l’art de les garder car il n’utilise que sa sincérité et son honnêteté, il sait aussi motiver et entreprendre comme il l’a montré lors de ses études en créant une association d’étudiants ! A tous ceux qui ne font rien que jouer toute leur vie le personnage décevant de grincheux geignards et jaloux, je leur dis : inspirez-vous de John et quelque part le monde changera ....’ JLG
C’est parce que démocrates et républicains sont pour beaucoup d’accord sur leur vision de l’économie américaine, que les véritables lignes de fracture sont avant tout celles de leurs politiques sociales et internationales. Et c’est dans cette perspective qu’il faut placer la question de l’homosexualité : un sujet parmi d’autres qui permet à chaque camp de révéler sa propre vision du monde.
L’élection d’un personnage de fiction.
Au pays des super-héros invincibles qui ne meurent jamais à la fin des films, John McCain et Barack Obama empruntent sans surprise, chacun à sa façon, au registre du « Héros américain ». John McCain d’abord, véritable héros de guerre, torturé lorsqu’il a été prisonnier pendant la guerre du Vietnam. Barack Obama ensuite, premier noir de l’Histoire américaine à pouvoir prétendre devenir président des Etats-Unis. Héritier donc du combat de Martin Luther King, autre héros de l’Amérique.
Mais comme à chaque élection, le plus grand acte héroïque, ce sera certainement pour le vainqueur d’avoir eu la prétention d’incarner 302 millions d’américains, d’avoir eu la formidable ambition de rassembler derrière soit une société si diverse, et d’y être arrivé.
En ce sens, l’élection présidentielle américaine est un exercice intellectuel d’une rare intensité qui exige des candidats qu’ils développent une conscience de leur pays la plus aboutie et la plus aiguisée possible. La victoire appartiendra à celui qui aura saisi au plus près le moral, l’âme de son pays et aura fait la synthèse la plus juste de l’idée que les américains se font d’eux-mêmes. Le président n’est-il pas après tout « un re-présentant », autrement dit, une seconde présentation à grande échelle du citoyen américain ?
Pour réussir cet exploit de la représentation, chaque candidat propose sa vision du monde : un positionnement idéologique, une narration unique qui construit le projet présidentiel du candidat.
C’est bien çà l’élection américaine : chaque parti y vend une fiction de l’Amérique aux américains, leur vend le monde tels qu’ils le perçoivent. Et l’électeur américain donnera sa voix à l’image qu’il trouvera la plus juste.
La question homosexuelle, révélatrice des divergences entre républicains et démocrates.
En quoi se distinguent les représentations démocrates et républicaines ?
Qu’on se le dise, Barack Obama, comme John McCain, est un candidat libéral, au sens où nous l’entendons en France. Et la ligne de rupture entre le programme démocrate et le programme républicain n’est pas la question économique où les candidats ont en fait bien plus de points en commun que de divergences. [1].
A l’inverse des questions économiques, les questions de politique sociales et extérieure font apparaître des divergences de points de vue. Prenons l’exemple des politiques sociales et arrêtons nous un instant sur la question homosexuelle.
Dans le monde du candidat républicain, c’est Bienvenue à la « Famille Ingals » ! [2] Une Amérique réactionnaire qui baigne dans l’orthodoxie religieuse, dessinée par les néo-conservateurs tapis dans l’ombre de George Bush dès sa première mandature et jusqu’à aujourd’hui.
Une Amérique où l’on veut interdire l’IVG, où la famille est « le fondement de la civilisation occidentale (…) [et] le mariage l’union d’un homme et d’une femme ». “ [3] Au-delà de cette définition de la famille, c’est toute une conception de repli sur soi, de menace permanente venue de l’extérieur, qui traverse le volet social du programme républicain.
Sur Internet la pornographie menace, le prédateur d’enfants rode et les associations pro-vie et anti-ivg représentent des « armées de compassion »... [4]
Ne me demandez pas pourquoi tous ces arguments sont regroupés dans un même chapitre du programme du candidat McCain intitulé « La dignité humaine et le caractère sacré de la vie » Human Dignity and the Sanctity of Life » Ibid. … Sans doute ces idées mises bout à bout font elles sens dans le monde républicain, où la menace prend tour à tour le visage d’un prédateur sexuel, de la pornographie, de l’homosexuel, du Taliban, de l’iranien, de l’irakien, …
Dans le monde du candidat démocrate, et dans la droite ligne des positions historiques du parti démocrate, c’est l’ouverture sur la question homosexuelle qui prime
Programme Démocrate sur les questions LGBT
augmenter la gravité de la qualification des crimes commis en raison de l’homosexualité des victimes, lutter contre les discriminations sexuelles au travail, favoriser la reconnaissance de l’union civile et l’adoption des couples de même sexe, …
Démocrates et républicains, acteurs d’une même pièce de théâtre.
On touche là à une véritable divergence entre démocrates et républicains. Alors que les républicains jouent sur une dualité que l’on croirait tout droit héritée de la guerre froide – celle de l’axe du bien (Les Etats-Unis) contre l’axe du mal (La menace extérieure) - le camp démocrate joue lui sur une vision multipolaire et multilatérale. Cette opposition est celle de l’Amérique d’aujourd’hui.
« Le théâtre est le lieu où apparaissent violence et cruauté. Leur représentation doit servir à ce que l’horreur ne se reproduise pas. ». Cette citation de Gérard Mortier [5], ancien président de l’Opéra de Paris, est d’une grande justesse pour décrire ce qui est à l’œuvre en ce moment aux Etats-Unis. Dans cette élection où John McCain et Barack Obama sont deux acteurs d’une même pièce de théâtre, l’Amérique donne à voir ses deux visages, une Amérique ambivalente et pétrie d’incertitudes : pas plus instrument de puissance, de force et de virilité comme l’aimerait John McCain, que totalement Melting Pot, creuset de tolérance et de respect comme la rêverait Barack Obama.
A Athènes au Vème siècle avant J.-C., le théâtre était l’endroit où la société se pensait, se réfléchissait, une « école de la démocratie ». Comme à l’époque de la Grèce Antique, la société américaine se dessine là sous nos yeux, dans les théâtres modernes de nos postes de télévision. La société américaine y travaille ses contradictions, et suspend son vol, le temps d’une élection, pour ramener vers la conscience ce qu’elle a de plus enfoui et de plus inavouable : ses peurs, ses angoisses, la guerre en Irak, le 11 Septembre, le terrorisme, le réchauffement climatique, l’assurance maladie, …
Il n’y a plus qu’à attendre que le rideau tombe pour connaître l’issue de cette pièce. Nous ne sommes après tout que de lointains spectateurs.
« En montrant des immigrés clandestins costumés en super-héros mais vaquant à leurs occupations quotidiennes, la photographe d’origine mexicaine Dulce Pinzòn souligne l’importance et l’omniprésence des travailleurs sans papiers dans la vie économique américaine. » Courrier International – Hors-série Juin – Juillet – Août 2008.
POUR ALLER PLUS LOIN
Obama 2008 : http://www.barackobama.com/
Le site Obama 2008 dédié aux questions LGBT : http://pride.barackobama.com/page/content/lgbthome
McCain 2008 : http://www.johnmccain.com/
La question des super-héros aux Etats-Unis : http://www.evene.fr/celebre/actualite/superman-politique-miller-shuster-siegel-lee-clark-kent-1552.php
Un hors-série spécial US de Têtu : Têtu N°137 - Octobre 2008
Le site Internet de Dulce Pinzòn : http://www.dulcepinzon.com/
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire