Le titre de ce livre laisse présager un ouvrage léger, amusant et quelque part réconforte a priori les idées reçues sur le phénomène des « folles » qu’elles soient de France, de Navarre ou d’ailleurs ! Et bien il n’en est rien et c’est à une thèse passionnante et très documentée que nous avons affaire. De plus, Jean-Yves Le TALEC, l’auteur de ce précieux ouvrage, nous fait la légende du siècle des folles en embrassant le sujet depuis l’émergence d’une homosexualité qui s’affranchit des opprobres de tout bord au milieu du XIX°s jusqu’à nos jours.
L’auteur revisite ainsi les grandes étapes et moments clefs de l’histoire gay contemporaine en l’éclairant ou en faisant prendre conscience aux homosexuels eux-mêmes et à tous ceux qui s’y intéressent que la « folle » est loin d’être un phénomène marginal, excentrique, parfois gênant, entre le Carnaval et la problématique du genre.
Ainsi, Jean-Yves Le TALEC brosse une fresque des « folles » en ne laissant échapper aucun détail de l’histoire car ces détails sont souvent des pierres d’angle qui tiennent le tout ! Effectivement le personnage de la « folle », loin d’être une forme de parasite amusant et caricature de référence du monde hétérocentré, devient l’âme même du mouvement homosexuel et peut-être son moteur essentiel.
Anthropologie, sociologie, lexicologie, psychologie et j’en oublie ce livre est une hagiographie des faits et gestes des saintes « folles » ! L’ouvrage est d’autant plus passionnant qu’il remonte aux sources politico-religieuses de cet « ordre public » qui met la « folle » à l’index (le doigt d’honneur de l’Histoire en quelque sorte), au ban et aux bûchers de la société depuis l’inquisition mitrée jusqu’aux nazis en croix gammée, et ce sous tous les multiples masques de l’hétéro-haine qui n’a eu de cesse de stigmatiser les différences.
« Folles » porteuses du concept de troisième sexe, « Folles » inventant le camp (dont on apprend d’ailleurs que le mot vient du français du XVII°s ) c’est à dire un savant mélange d’attitudes, de choix de vie, de vêtement, d’imitations, de parodie, d’inspiration auprès de tels ou tels mythes par exemple Marlène Dietrich, et surtout de courage et de détermination dans l’affirmation de soi !
Ce mot ressort particulièrement dans toute l’étude de Jean-Yves Le TALEC, car il offre une grille de lecture évidente pour révéler toute la « follitude », si j’ose dire, contenue dans certains mouvements qui ont pris naissance en France et ailleurs et dont certains perdurent comme les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence (1) ; je souligne qu’il est d’ailleurs un des fondateurs des sœurs dans notre pays au début des années 90 !
L’auteur revisite ainsi les grandes étapes et moments clefs de l’histoire gay contemporaine en l’éclairant ou en faisant prendre conscience aux homosexuels eux-mêmes et à tous ceux qui s’y intéressent que la « folle » est loin d’être un phénomène marginal, excentrique, parfois gênant, entre le Carnaval et la problématique du genre.
Ainsi, Jean-Yves Le TALEC brosse une fresque des « folles » en ne laissant échapper aucun détail de l’histoire car ces détails sont souvent des pierres d’angle qui tiennent le tout ! Effectivement le personnage de la « folle », loin d’être une forme de parasite amusant et caricature de référence du monde hétérocentré, devient l’âme même du mouvement homosexuel et peut-être son moteur essentiel.
Anthropologie, sociologie, lexicologie, psychologie et j’en oublie ce livre est une hagiographie des faits et gestes des saintes « folles » ! L’ouvrage est d’autant plus passionnant qu’il remonte aux sources politico-religieuses de cet « ordre public » qui met la « folle » à l’index (le doigt d’honneur de l’Histoire en quelque sorte), au ban et aux bûchers de la société depuis l’inquisition mitrée jusqu’aux nazis en croix gammée, et ce sous tous les multiples masques de l’hétéro-haine qui n’a eu de cesse de stigmatiser les différences.
« Folles » porteuses du concept de troisième sexe, « Folles » inventant le camp (dont on apprend d’ailleurs que le mot vient du français du XVII°s ) c’est à dire un savant mélange d’attitudes, de choix de vie, de vêtement, d’imitations, de parodie, d’inspiration auprès de tels ou tels mythes par exemple Marlène Dietrich, et surtout de courage et de détermination dans l’affirmation de soi !
Ce mot ressort particulièrement dans toute l’étude de Jean-Yves Le TALEC, car il offre une grille de lecture évidente pour révéler toute la « follitude », si j’ose dire, contenue dans certains mouvements qui ont pris naissance en France et ailleurs et dont certains perdurent comme les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence (1) ; je souligne qu’il est d’ailleurs un des fondateurs des sœurs dans notre pays au début des années 90 !
Mais il faudrait aussi citer d’autres mouvements, qu’il sort de l’oubli pour quelques-uns uns, et dont il éclaire la démarche : comme les Gazolines, le MLF, le FHAR, Arcadie etc.
Nous voyons aussi s’animer et se redessiner devant nous diverses époques incroyables, celle de la fin des années soixante ou celle de l’entre deux guerres par exemple, dont les témoignages sont malheureusement trop rares mais essentiels à la compréhension de la mise en œuvre du mouvement gay : quartiers réservés, bars, boîte de nuit et de music hall, toute une vie sociale qui s’y développe, personnalités phares, autant de pistes qui mériteraient à elles seules des études fouillées. J’avais d’ailleurs ici même évoqué très modestement dans un précédent article intitulé : « Folles-travestis ou l'origine du monde gay contemporain » ces grandes figures extraordinaires du passé, connues ou inconnues, qui ont su incarner une volonté de liberté et de joie de vivre.
« La folle » serait-elle l’héritière du bouffon du roi, néo Triboulet (2) ou néo L’Angely (3), avec la double casquette qui permet de rire et sous le rire de faire prendre conscience de certaines situations ou de les dénoncer ? Le camp en tout cas a partie lié avec le vaste champ de l’humour et de l’ironie !
« La folle » cependant ne fait pas toujours l’unanimité chez les gays et nul n’est prophète en son pays ! Après avoir été en quelque sorte la Marianne du monde homosexuel, en tout cas la figure de proue exposée mais debout, il est toutefois navrant de constater que certains gays, de ceux qui fuient en général toute confrontation et recherchent l’anonymat, rejettent cette image et se réfugient dans un travestissement opposé : celui d’une hyper virilité… Les « Macho-Men » n’en finissent plus leur période disco !
« La folle » nous interroge, elle nous séduit, elle nous fait rire, elle fait face à l’adversité alors que nous ne faisons face qu’à nos miroirs de l’hétéronorme, elle pose ludiquement les questions de genre et de sexualité alors que nous devons réaliser des thèses ou des stages psychologiques pour approcher une réponse qui s’échappe comme notre ombre, elle est et nous sommes en recherche…
Comme le dit très sérieusement Jean-Yves Le TALEC : « Elle reste au contraire au premier plan des enjeux politiques du temps présent parce qu’elle permet de penser simultanément le genre, la sexualité et la culture, trois registres trop souvent dissociés. »
Je vous invite donc à rentrer dans le « fol univers » qui est le nôtre en découvrant ce livre remarquable.
Bibliographie
« Folles de France », Jean-Yves Le Talec, La Découverte, 2007.
Notes :
(1) association née aux USA en 1979, depuis l’épidémie de SIDA les sœurs ont développé aussi des actions de prévention et de ressourcement.
(2)Triboulet, célèbre bouffon de Louis XII et François Ier
(3)L’Angely, dernier représentant officiel de la bouffonnerie sous Louis XIII, certains ministres ayant pris la suite…
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