Le triple « k » ou l’inénarrable film « The killer condom » d’après Konig - (Kondom des Grauens)


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Alors que l'univers baigne dans une hétéro-pride sans fin avec des pics himalayens comme celui du mariage princier de Kate Middleton et du prince William, alors que la ville de Nice n'en finit pas de refaire ses façades parce que tout le monde le sait la façade c'est l'élément essentiel du Sud, peu importe ce qu'il y a à l'intérieur (et les gens ici sont comme leur façade), alors que la grisaille s'installe sur cette terre entre pétage de câble des hommes et craquage de croûte terrestre un peu partout (en prime-cerise sur le gâteau : nappage de tsunami et irradiations), il est bon de se réfugier dans un lieu encore convivial, encore intéressant, encore humain, et encore hautement coloré : le festival du film niçois Gay et Lesbien In&Out des Ouvreurs !

Bravo à leur équipe, à leur performance, à leur originalité et à leur inventivité, et à leurs jolis modèles qui tels des icones se sont retrouvés torse nu et peints devant l'adoration de leurs fidèles lors de la séance « The Killer Condom » du dimanche de Pâques au cinéma Mercury! Ces icones n'auraient pas déplu d'ailleurs au grand amateur d'art grec que je connais et qui partage sa vie entre Paris et une île en mer Egée ! Ce romancier regrettait récemment de ne pouvoir assister aux fêtes pascales orthodoxes... Mon cher Olivier Delorme, il fallait venir à Nice, c'est déjà plus près !

Ralf Konig
Devant le front international de cette hétéro-pride orchestrée, les films proposés nous ont ouvert un espace de rêve, de réflexion, de culture, et de "Rire" ! Oui de Rire, enfin mis à la place de choix qui lui revient et qui est restée malheureusement vide depuis si longtemps dans cette société de l'hétérocrise-fistéco-mondialo-fuckée!

Ce Rire merveilleux, héritier de Dionysos, nous le devons au film « The killer Condom », réalisé en 1997 en Allemagne par Martin Walz et très peu connu en France, sauf via la BD du célèbre et drôlissime Ralf Konig, dont le film s’inspire.

C’est en effet une gigantesque farce, jouée de main de maître par des acteurs géniaux dont Udo Samel (inspecteur Luigi Mackeroni), Marc Richter (gigolo Billy), Leonard Lansink (Babette), ce dernier d’ailleurs atteint un véritable sommet d’hilarité dans le rôle du travesti Bob Miller dit « Babette » et il rappelle l’immense acteur français Denis D’Arcangelo ; son cousin germanique en quelque sorte!

Leonard Lansink
Parodiant les univers des commissariats tels que les séries américaines ont pu les immortaliser, je pense à Kojak notamment, ou les sombres histoires de savants kidnappés comme dans les James Bond et Fantômas, l’histoire délirante s’ancre dans un bordel qui est le lieu central de cette histoire et qui offre de savoureux et truculents portraits … C’est du néo-expressionnisme allemand !

Dans ce monde infernal, la capote qui sauve se transforme en capote qui tue ! Tout cela parce qu’une femme médecin, atteinte d’une mysticismite aigue, veut éradiquer la fornication sur cette pauvre terre et sauver l’honneur de Dieu en tuant les fornicateurs…à la racine ! Mais voilà c’était sans compter sur la force de l’amour, car l’amour gay sort grandi de cette histoire, et sur la détermination de tous ceux qui veulent sauver leur bite ! L’égérie castratrice terminera donc sa vie comme un condiment dans une marmite de condoms voraces…

L'inspecteur et le jeune prostitué
Cela nous vaut in fine un passage extraordinaire avec un moment unique, sur l’amour et l’acceptation des différences, défendu par l’inspecteur Mackeroni, enfin touché par la grâce, et qui s’inspire sans doute du discours humaniste de Charlot à la fin du film « Le Dictateur »…

Le plaisir d’une telle œuvre est difficilement mesurable, tellement cela fait du bien d’être porté par le rire, mais pas un rire bête et méchant, un rire où éclatent la malice, l’irrévérence, et le désir de vie de tous ces personnages qui sont bien plus épais qu’une feuille de BD !

On se prendrait presque à imaginer à la fin du film, comparant les rares exemples de ce genre de cinéma, qui soit dit en passant honore l’imagination humaine, ce que pourrait produire la rencontre de ces capotes tueuses avec l’attaque d’une Moussaka Géante par exemple…

Mon cher Dionysos permet à des Ralf Konig pour les BD, à des Martin Walz, à des Panos Koutras, à des John Cameron Mitchell pour le cinéma, à des Jean-Luc Revol pour le théâtre, et à des auteurs moins connus comme « A.S. Steelcock » (édité chez H&O), et à tant d’autres que j’oublie, de nous donner notre Rire quotidien, si précieux, si rare et si reconstructeur aussi !

Cité dans ce billet :



NOTES & LIENS

A noter que le dvd du film « The killer condom » n’est pas sorti en France.







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