Le petit jeu de la vérité, institutions, enjeux politiques,


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C’est une chose bien difficile que d’être un « honnête homme », parce que tout d’abord on peut en donner autant de définitions qu’il y a d’humains sur cette planète, et puis surtout on ne peut oublier l’intransigeance humaine et le regard féroce que chacun porte sur les autres dans ce petit monde ; intransigeance et férocité qui ne concernent bien sûr en rien le regard que ces mêmes hommes portent sur eux-mêmes.

Un grand mot revient à la mode depuis quelques temps, saluons-le comme la résurgence d’une grande figure glorieuse de notre passé, employé pendant deux mille ans à toutes les sauces, emplumé comme la figure mythique du Phénix, et exhibé comme les vierges de douleurs des processions espagnoles chargées de dentelles, de perles, d’or, et d’incantations propres à exalter notre soif de pureté, certes pour mieux s’en dédouaner la fête finie, c’est le terme de « morale ». Morale qu’on veut appliquer partout aujourd’hui et surtout dans des domaines abstraits comme la politique, les organismes bancaires, les rouages de toutes les mécaniques de la société, et sur les figures, très humaines pour ces dernières, sensées les incarner.

Pourtant le mot « morale » pour moi ne convient pas, il s’agit étymologiquement de ce qui est « relatif aux mœurs » c'est-à-dire à un ensemble regroupant tout à la fois le genre de vie, les habitudes, le caractère, le comportement, les lois, les règles d’un groupe donné. Un bel ensemble disparate comme les compressions de César.

Comment peut-on parler de morale aujourd’hui quant chaque point de la définition initiale se décline presque à l’infini vu la multiplication des groupes, des modes de vie, des croyances, des attitudes, des mœurs et des conceptions mêmes de la vie de chacun, notamment à travers l’incontournable et très disparate sexualité qui prend la place qu’on lui connait de nos jours. Faudrait-il le mettre au pluriel ? Ce n’est guère commode non plus et cela porterait à confusion ; à mon avis le terme de « principe » semblerait être plus approprié.

Voilà de quoi manquent nos structures et aussi nos dirigeants : de « principes », c'est-à-dire de ce qui doit être mis en première place et rester notre ligne de conduite et notre garde-fou. Et c’est vrai il y a beaucoup à faire, déjà pour établir ces principes en fonction des différents droits essentiels qui fondent notre société et qui tendent à se développer en fonction mêmes des évolutions fulgurantes que l’on constate.

Un premier travail de refondement de ces « principes » m’apparaît indispensable et pourrait être ouvert à tous et non aux simples élites ou politiques a priori mal placés pour être juge et parti. Il ne s’agirait pas simplement de rafraîchir des lois mais de réassocier tout un peuple à l’élaboration de ce qu’il veut voir appliquer en matière de libertés individuelles et collectives, de droits et devoirs. Par la suite, une adhésion via un référendum par exemple serait sans doute aussi intéressante en permettant à chacun de s’impliquer dans ce travail et de s’y exprimer par son vote. Ensuite il faut aussi concevoir la surveillance et l’application de ces « principes » avec tout ce que cela peut comporter en matière de contrôle, d’avertissement et d’actions immédiates et réelles si ces « principes » ne seraient pas respectés.

Statue Aztèque
A côté de ces principes on ne peut occulter le domaine le plus « embrouillé » qui est celui de la sexualité, que l’on soit en couple ou non. Que faire avec cette sexualité si envahissante dans nos vies ? Hier elle était réservée à la chambre à coucher, aujourd’hui elle ressemble à une sorte de chambre extérieure bien éclairée où l’on vient se montrer, s’exhiber, partager, trouver un ou des partenaires, s’échanger et connaître de nouvelles expériences ! Trop de fois, sur un peu plus de 10 ans, ces questions de sexualité ont fait vaciller le pouvoir dans nos démocraties, et mis dans l’actualité des données privées qui nous ont fait perdre un temps précieux au détriment du temps qu’on devrait consacrer à de vrais problèmes politiques !

La « morale » d’antan imposait à ce sujet une stabilité laïque, au moins d’apparence, beaucoup trop inspirée des préceptes de l’Eglise. Chose curieuse, l’évolution des mœurs ne s’est pas accompagnée d’une évolution de cette question, du moins dans certains cas de figure. Il y a d’un côté la sexualité de tout un chacun et de l’autre la sexualité ou plutôt l’absence de sexualité que l’on aimerait voir pour ses représentants.

D’un côté les moyens modernes, les nouvelles conceptions du couple, de la sexualité, la fin de certains tabous et les habitudes des réseaux sociaux et sites internet mettent à nu, au propre comme au figuré, nos contemporains et de façon souvent assez violente et crue, de l’autre tout dérapage devient un scandale quasiment universel pour ceux qui sont exposés aux feux de la célébrité, notamment politique…

F Leighton
L’inconscient collectif regrette-t-il les vestales, vierges consacrées, aux dieux et à leurs temples dédicataires ? Nous devons certainement balayer un peu devant nos portes, nos écrans, et nos vies pour admettre que rien ne justifie de dépasser les bornes d’une curiosité et d’une inquisition qui envahissent ces vies privées jusqu’à l’absurde et la nausée.

Peut-être faudrait-il abandonner là aussi des schémas préconçus et dépassés pour arriver à repenser l’homme et la femme dans leurs sexualités, leurs besoins, leurs fantasmes, leur environnement et leur épanouissement personnel. Reposons-nous des questions qui sous l’apparence de la simplicité débouchent sur des réponses qui ne peuvent plus se résumer aux définitions d’un dictionnaire de poche.

Plus largement, les concepts d’homme, de femme, de sexualité, de parentalité, de famille, etc. couvrent des domaines variés qui selon les histoires sociétales et les latitudes amènent à prendre en considération que rien en ces domaines ne connait de définitions définitives et étriquées.

Travailler au monde de demain c’est essayer de mettre en place ces « principes » pour qu’ils soient non pas des notions vagues, figées et jamais appliquées, ou si mal, mais des outils constructifs pour le bien de tous et repenser aussi notre société et son tissu humain dont le point d’équilibre est le respect des vies de chacun à travers leur mille et une variations.

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